Selon des informations issues de la réunion du cabinet tenue avant-hier, le gouvernement israélien n’a pas été convaincu par le plan d’action présenté par Tsahal concernant la création d’une ville humanitaire sur les ruines de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
La ville humanitaire prévue serait un camp de tentes capable d’accueillir environ 600000 Gazaouis dans la région du gouvernorat de Rafah, au sud de la bande de Gaza, une zone déjà nettoyée de la quasi-totalité de ses infrastructures terroristes et des agents du Hamas.
Les Gazaouis accéderaient à cette ville après un contrôle de sécurité (physique et basé sur le renseignement), et pourraient y vivre sans craindre la main de fer du Hamas.
Des services civils y seraient fournis : alimentation, logement, soins médicaux, éducation, etc. La gestion de la population serait assurée par des acteurs palestiniens (par exemple, les collaborateurs de Yasser Abu Shabab et autres), soutenus par des organisations internationales opérant en coordination avec Israël. La sécurité sur place relèverait de Tsahal, tandis que les forces locales opposées au Hamas exerceraient des fonctions de police civile.
Le chef d’état-major Eyal Zamir a réaffirmé que l’armée appliquerait fidèlement les décisions de l'échelon politique. Toutefois, il a également exprimé, sans ambiguïté, que selon lui, la création de cette ville humanitaire constitue une "erreur stratégique majeure".
Selon lui, un tel projet relèverait d’un piège à long terme : il reviendrait à confier à Tsahal non seulement la mission d’éliminer le Hamas, mais également la responsabilité directe de deux millions de civils palestiniens – ce qui inclut leur alimentation, l’installation de tentes, la gestion des eaux usées, des soins médicaux, et plus encore, des missions qui dépassent le rôle légitime d’une armée.
Le gouvernement n’a pas dissimulé son mécontentement face aux propos du chef d’état-major. Le Premier ministre a demandé au chef d'état-major de lui présenter un plan pour élaborer cette ville humanitaire d'ici demain, mercredi.
À ce jour, l’exécutif israélien n’a pas fourni de réponse claire à la question cruciale : qui administrera la population palestinienne amenée à vivre dans cette ville humanitaire ? Plusieurs hypothèses ont été évoquées — telles que les clans palestiniens opposés au Hamas, ou des entités internationales, ou encore une combinaison des deux. Mais aucune solution concrète n’a été retenue.
En l’absence d’alternative crédible, la charge reviendrait de facto à Tsahal – un scénario auquel le chef d’état-major s’oppose fermement.
Le bloggeur israélien, spécialiste du monde arabe, Abu Ali Express, a apporté un éclairage différent sur cette option. Selon lui, c'est la seule solution qui permettra d'éradiquer le Hamas.
Israël pourrait ainsi montrer au monde qu’environ un tiers de la population de Gaza peut fonctionner sans le Hamas.
Les Gazaouis découvriraient pour la première fois depuis près de 20 ans qu’il est possible de vivre dans la Bande de Gaza sans la domination du Hamas, dans un environnement sûr, avec une sécurité alimentaire, des services médicaux et même une éducation — le tout sous contrôle et supervision.
Cela ébranlerait profondément le socle de soutien sur lequel le Hamas repose dans la Bande de Gaza.
Ce serait le début de la fin de son pouvoir.
Le bloggeur, suivi par plus d'un demi-million de personnes sur Telegram, émet l'hypothèse qu'après Rafah, la "ville humanitaire" pourrait s’étendre à d’autres zones nettoyées par l’armée israélienne — Khan Younès, le nord de la Bande de Gaza, etc. De plus en plus de civils seraient redirigés vers ces îlots humanitaires, tandis que la masse des combattants du Hamas resterait confinée dans des zones bien délimitées où Tsahal pourrait opérer plus efficacement, et avec moins de pression internationale.
La pression sur le Hamas s’accentuerait. La population découvrirait qu’il existe une alternative réelle au Hamas. Israël pourrait ainsi se présenter sous un jour plus favorable à l’étranger en montrant que les Gazaouis vivent en sécurité, reçoivent nourriture et soins — seuls ceux restés sous le joug du Hamas souffrent encore.
Par ailleurs, souligne Abu Ali Express, si dans les mois à venir, Israël et les États-Unis réussissent à conclure des accords pour accueillir des Gazaouis dans des pays tiers, alors la sortie de la Bande de Gaza — administrativement et géographiquement — sera bien plus accessible depuis Rafah…
''Renoncer à la création de cette ville humanitaire reviendrait à maintenir Israël dans la même impasse stratégique qu’au cours de l’année écoulée, sans réelle capacité de trancher face au Hamas'', estime-t-il.
Il souligne qu'aujourd’hui, le Hamas conserve son emprise sur la bande de Gaza grâce à quelque 30000 combattants armés, qui parviennent à terroriser et à contrôler la population d’une main de fer.
Il conclut en affirmant que la ville humanitaire pourrait saper les fondations du pouvoir du Hamas et permettre de neutraliser ses forces armées de manière bien plus efficace que n'importe quelle opération militaire.