Le président colombien Gustavo Petro a vivement réagi à des informations faisant état d’une expédition de charbon vers Israël, en violation apparente d’un décret présidentiel interdisant toute exportation vers l’État hébreu. Le chef de l’État a dénoncé une atteinte directe à son autorité, affirmant que « pas une tonne de charbon ne doit quitter le pays à destination d’Israël ».
L’affaire a éclaté après une déclaration du ministre du Travail, Antonio Sanguino, signalant avoir reçu une alerte émanant de travailleurs du secteur minier à Riohacha. Selon cette dénonciation, un navire baptisé Fortune aurait quitté le port de Puerto Nuevo le 24 juillet à 7h47, direction le port israélien de Hadera.
« Il s’agit d’une information sensible que nous allons vérifier. Nous avons immédiatement saisi le ministère du Commerce et le président de la République pour évaluer les mesures à prendre face à cette possible violation du décret présidentiel », a écrit Sanguino sur X.
Le président Petro, connu pour ses prises de position virulentes contre Israël, a qualifié cette expédition d’« acte de défi à son autorité » et a ordonné à la marine colombienne de stopper immédiatement le chargement : « Pas une tonne de charbon ne partira vers Israël. J’en prends la pleine responsabilité. La Colombie ne sera pas complice d’un génocide. »
Le géant minier Glencore, qui exploite la mine de Cerrejón, a été directement ciblé par le président. Il a menacé de modifier le contrat de concession si la compagnie persistait à vendre du charbon à Israël. Glencore s’est défendu, assurant que toutes ses exportations avaient cessé deux semaines avant l’entrée en vigueur du décret présidentiel.
« Cerrejón a strictement respecté le décret émis par le président Petro », a indiqué l’entreprise à l’agence Reuters.
L’affaire a rapidement tourné à l’affrontement politique. Petro a accusé son ancien ministre du Commerce, Luis Carlos Reyes, de ne pas avoir appliqué l’interdiction, allant jusqu’à interroger publiquement :
« Suis-je un pantin ? Le pouvoir est-il ailleurs ? Mon ancien ministre m’a trompé. »
Selon le site El Espectador, Petro a même appelé « le peuple suisse à bloquer Glencore ». De son côté, Reyes a répliqué sur X en affirmant que le décret avait été rendu inopérant à cause d’un amendement introduit par Petro lui-même. Ce dernier aurait justifié ce changement en évoquant une infiltration du Mossad dans la direction de l’État, affirmant que le décret ne passerait pas sans cette modification.
Depuis le début de la guerre à Gaza, Gustavo Petro multiplie les attaques contre Israël. Il a qualifié la situation à Gaza de génocide, comparant même Israël à l’Allemagne nazie.
« On croirait que Goebbels dirige la communication mondiale, tant de journalistes se taisent alors que leurs collègues sont tués et que 20 000 bébés sont déchiquetés par les bombes », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Ces propos ont suscité des critiques. Daphne Klajman, experte reconnue de l’antisémitisme et responsable académique du Hillel de Rio de Janeiro, a réagi :
« Petro recycle des stéréotypes antisémites classiques en les redirigeant vers les sionistes. Il répète que la région vivait en paix avant 1948, ce qui est historiquement faux. Il oublie aussi les liens avérés entre les nazis et certains dirigeants musulmans avant la création d’Israël. »
La Colombie, sous l’impulsion de Petro, a également entrepris de se joindre à la plainte de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice contre Israël. Une initiative qui confirme l’orientation diplomatique résolument hostile du président colombien à l’égard de l’État hébreu.