Israël

Phénomène alarmant : depuis le 7 octobre, des citoyens sans histoires basculent dans la délinquance

Le phénomène est directement lié à "la crise psychologique et sociale qui a suivi les événements", selon ce rapport

2 minutes
29 juillet 2025

ParJohanna Afriat

Phénomène alarmant : depuis le 7 octobre, des citoyens sans histoires basculent dans la délinquance
Photo by Yossi Zamir/Flash90

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Le traumatisme national provoqué par les événements du 7 octobre a créé une onde de choc qui dépasse largement le cadre sécuritaire. Selon le rapport 2024 du Bureau du Défenseur public publié ce mardi, cette tragédie a directement contribué à une augmentation significative de la criminalité et des poursuites pénales dans le pays.

L'une des conclusions les plus frappantes du rapport concerne l'émergence d'une nouvelle catégorie de délinquants. Le document fait état d'une "forte augmentation du nombre de citoyens normatifs impliqués dans une procédure pénale pour la première fois de leur vie", phénomène directement lié à "la crise psychologique et sociale qui a suivi les événements".

Cette délinquance émergente se manifeste particulièrement par une recrudescence des violences conjugales et des infractions liées à la pauvreté, deux symptômes révélateurs des répercussions du traumatisme collectif sur la société israélienne.

Hausse des violences policières

Le rapport dresse également un constat alarmant concernant les forces de l'ordre. Entre 2021 et 2024, le nombre de plaintes pour violences lors des interpellations déposées par les représentants du parquet a presque triplé, témoignant d'une escalade préoccupante dans les méthodes policières.

Parallèlement, le recours à la détention préventive a atteint des niveaux record. En 2024, le parquet a traité plus de 26 000 procédures de détention à des fins d'enquête. Si une part importante des détenus a été libérée dans les 24 heures, cette inflation des arrestations inquiète les défenseurs des droits, qui dénoncent "tout exercice inutile de l'autorité de détention".

Une crise carcérale sans précédent

Le système pénitentiaire israélien traverse une crise majeure. Avec plus de 23 500 prisonniers en 2024, les établissements dépassent de 60% la norme légale fixée à 14 500 détenus. Cette surpopulation chronique a conduit les autorités à introduire une ordonnance temporaire post-guerre autorisant la détention dans des conditions dégradées, contraignant certains prisonniers à dormir sans lit.

Résultat : environ 61% des détenus vivent actuellement dans des locaux qui ne respectent pas les normes minimales d'habitabilité, une situation que le Défenseur public qualifie d'inacceptable.

Vers un durcissement sécuritaire généralisé

Au-delà des chiffres, le rapport pointe deux évolutions législatives préoccupantes. D'une part, l'élargissement des pouvoirs d'exécution, notamment par l'utilisation de moyens technologiques intrusifs et l'application aux citoyens d'outils issus du secteur sécuritaire. Cette évolution s'accompagne parfois d'un "langage juridique vague permettant une application sélective", selon la défense.

D'autre part, le durcissement systématique des peines - peines minimales et amendes - se poursuit malgré la surpopulation carcérale, créant un cercle vicieux que dénonce le rapport.