Israël

Otages tués par erreur par Tsahal: l'officier qui dirigeait l'opération candidat à une promotion

Les familles de Yotam Haïm et Alon Shamriz s'insurgent.

5 minutes
14 décembre 2025

ParGuitel Benishay

Otages tués par erreur par Tsahal: l'officier qui dirigeait l'opération candidat à une promotion
Samer, Alon et Yotam, z'l. Photos: familles

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Le correspondant militaire de Galei Tsahal, Doron Kadoch, a révélé ce dimanche que l'officier qui dirigeait les opérations au moment où trois otages ont été tués par erreur par Tsahal doit être promu. Le drame s'était produit au début de la guerre, à Shuja'iyya au nord de Gaza, au mois de décembre 2023 et les soldats avaient pris les trois hommes qui avaient réussi à fuir leurs geôliers pour des terroristes.

Cette annonce a suscité l'indignation des familles de ces trois otages: Yotam Haïm, Alon Shamriz et Samer Talalka.

Alors que demain sera célébré l'anniversaire de la mort de leurs proches, ces familles ne comprennent pas que l'officier qui a commandé cette séquence tragique puisse bénéficier d'une promotion.

Cette protestation vient de nouveaux éléments qui ont été dévoilés récemment aux familles et qui montrent des défaillances dans l'attitude du lieutenant-colonel D. alors que les trois otages avaient levé leur T-shirt, parlé en hébreu et que surtout concernant Yotam Haïm, il n'avait pas le physique d'un gazaoui, puisqu'il était très blanc de peau et avait les cheveux roux.

L'incident s'est déroulé en plusieurs phases. Après qu'Alon et Samer ont été tués par les premiers tirs, Yotam Haïm a réussi à s'échapper, blessé, vers un bâtiment voisin. Pendant près d'un quart d'heure, alors que Yotam, touché au bras, criait en hébreu, le lieutenant-colonel D. a tenté de gérer la situation.

Selon le témoignage d'un officier présent sur place, celui-ci s'est approché du commandant de bataillon posté sur le toit d'un bâtiment pour lui signaler : "J'ai l'impression qu'il s'agit de l'un des nôtres, il parle couramment l'hébreu." Une alerte qui aurait dû, au minimum, éveiller les soupçons.

Le lieutenant-colonel D. a bien crié "cessez-le-feu" à ses hommes, ainsi qu'une autre commande cruciale : "zombiyah" – ordre signifiant un arrêt dans les tirs, exigeant un silence absolu sur la zone d'opération.

Mais malgré cet ordre, un char présent sur les lieux n'a pas coupé son moteur, créant un vacarme assourdissant. Un soldat de l'équipage du char a témoigné : "Nous n'avons pas entendu l'ordre de zombiyah."

Les enquêtes ont révélé que le bruit généré par le char a empêché plusieurs combattants d'entendre les ordres du commandant de bataillon. Le lieutenant-colonel D., constatant que le char ne coupait pas son moteur – autrement dit que ses ordres n'étaient pas exécutés – a néanmoins décidé de poursuivre la gestion de l'incident malgré le bruit, sans vérifier que ses instructions parvenaient à l'ensemble des soldats.

Malgré le bruit et le non-respect de ses ordres, le lieutenant-colonel D. a appelé Yotam Haim : "Viens vers moi." Yotam s'est alors élancé vers les soldats qui, se sentant apparemment menacés, ont ouvert le feu et l'ont tué.

Pour Iris Haïm, la mère de Yotam, z'l, il est impensable que cet officier qui aurait géré de manière négligente l'opération puisse bénéficier d'une promotion. Elle souligne qu'il n'a jamais pris le temps de venir leur parler, ni de s'excuser, contrairement à ce qu'ont fait les soldats qui étaient sur le terrain y compris ceux qui étaient responsables directement des tirs. Lorsqu'il a été contraint de s'asseoir en face d'eux, il a nié avoir eu un doute sur le fait que Yotam ait pu être un otage. Une version qu'il a ensuite contredite et qui ne correspond pas aux éléments de l'enquête.

Quant à Yonathan Shamriz, le frère d'Alon, z'l, il a aussi manifesté son mécontentement: "Un jour avant de nous rendre sur la tombe d'Alon, mon frère ce héros, Tsahal annonce qu'il va promouvoir le commandant de bataillon qui a 'géré' l'incident. Voilà notre histoire, ce que nous sommes devenus", a-t-il écrit. ''Ce même officier médiocre qui n'a pas briefé ses soldats sur la possibilité qu'il y ait des otages dans la zone, qui ne leur a pas dit ce que tout soldat sait : 'On ne tire pas sur des personnes nues brandissant un drapeau blanc !' Ce même officier qui n'a pas assumé ses responsabilités, n'a pas enlevé ses galons, n'a pas été réprimandé, n'a pas été jugé, n'est pas venu nous dire 'pardon', a reçu une promotion !".

"Si seulement ces hauts gradés avaient protégé mon frère, Yotam et Samer, comme ils se protègent eux-mêmes. La promotion d'un officier aussi médiocre est un crachat au visage de la famille, et un crachat sur la tombe d'Alon.", a encore ajouté le frère endeuillé.

Pour l'heure, la promotion de l'officier D. n'a pas encore été validée par le chef d'état-major, Eyal Zamir. En attendant, le porte-parole de Tsahal défend le commandant : ''Le lieutenant-colonel D. est un commandant combattant qui a dirigé sous son commandement au cours des deux dernières années des centaines de soldats en tant que commandant de deux bataillons différents, sous le feu et au péril de sa vie. Il s'agit d'un commandant éthique, professionnel et droit, qui travaille sans relâche et consacre sa vie à la sécurité de l'État d'Israël. L'enquête en question s'est terminée il y a près de deux ans et ses conclusions ont été présentées aux familles et au public en toute transparence."

Une déclaration rejetée par les familles qui dénoncent des affirmations inexactes compte-tenu des éléments en leur possession.