Le coût de la reconstruction de l'Iran post-guerre pourrait dépasser 500 milliards de dollars — une somme colossale pour une économie déjà étranglée par les sanctions internationales, la fuite des capitaux et la méfiance des investisseurs.
Au moins 120 bâtiments résidentiels, centrales électriques et sites sensibles liés à l’enrichissement nucléaire ont été détruits ou gravement endommagés par les frappes israéliennes et les cyberattaques. Des coupures d’internet généralisées, survenues à la veille du cessez-le-feu, ont à elles seules coûté près de 500 millions de dollars à l’économie iranienne.
Avant même que la guerre n’éclate, Téhéran estimait avoir besoin de plus de 500 milliards de dollars d’investissements étrangers pour remettre à niveau ses routes, réseaux électriques et infrastructures portuaires. Désormais, cet argent servira en priorité à recoller les morceaux. Les projets de développement censés apaiser une population lassée sont gelés, repoussés sine die ou tout simplement annulés.
L’Iran avait entamé le conflit avec des ambitions bien arrêtées : récupérer 70 milliards de dollars d’avoirs gelés à l’étranger et signer de juteux contrats énergétiques avec l’Inde, la Chine et la Russie. À la sortie de guerre, ces espoirs se sont évanouis. Les sanctions ont été durcies, les investisseurs ont pris peur, et même Pékin — pourtant premier acheteur de pétrole iranien — adopte désormais un ton prudent.
Cette crise économique aiguë alimente une instabilité sociale croissante. Les prix des produits de base s’envolent, le chômage grimpe, notamment dans les provinces les plus touchées. Ce qui restait de la popularité du régime s’est envolé. Des villes comme Ahvaz, Tabriz ou Mashhad pourraient redevenir des foyers de contestation si la reconstruction piétine ou si les subventions alimentaires sont réduites. Face à cette grogne, le régime serre la vis : arrestations massives, exécutions accélérées et appareil sécuritaire en surchauffe.
Pour tenter d’organiser la reconstruction, le président Masoud Pezeshkian a créé un Conseil suprême de sécurité nationale incluant les chefs des services de défense, de renseignement et de justice. Objectifs prioritaires : rétablir l’électricité dans les zones industrielles, rouvrir les axes routiers stratégiques et rassurer les assureurs étrangers quant à la sécurité des routes maritimes et des oléoducs.
Mais les caisses sont vides, et même si les sanctions disparaissaient, il faudrait des années pour mobiliser les financements, la main-d'œuvre et les matériaux nécessaires à une telle réhabilitation.
Ce gouffre économique compromet aussi la capacité de l’Iran à remettre en service ses sites de missiles du Corps des Gardiens de la révolution et à relancer ses installations d’enrichissement nucléaire avancé. D’autant plus que les frappes israéliennes ont éliminé au moins 11 scientifiques de haut niveau et 20 commandants du CGRI, affectant lourdement l’expertise technique et le commandement opérationnel.
Sur la scène internationale, Téhéran se retrouve isolé. Moscou a beau dénoncer les frappes, elle n’a offert ni aide ni soutien concret. Pékin, de son côté, continue d’acheter du pétrole iranien, mais refuse de financer la reconstruction.
Et le plus inquiétant reste peut-être à venir. Si le régime ne parvient pas à montrer des signes clairs de redressement dans les mois à venir, la colère populaire pourrait rapidement se transformer en crise politique, notamment autour de la succession du Guide suprême Ali Khamenei, aujourd’hui âgé de 86 ans.