Après 22 mois de captivité et cinq jours après la diffusion des images glaçantes d’Evyatar David et Rom Braslavsky, otages israéliens du Hamas, un début d'empathie semble enfin s'emparer du Comité international de la Croix-Rouge. À Jérusalem, des responsables gouvernementaux parlent d’un "changement significatif" dans l’attitude de l’organisation humanitaire envers le Hamas, qui se traduirait par une tentative de dialogue pour permettre l’acheminement de nourriture et de médicaments aux otages. Une première depuis le début de la guerre.
Les vidéos, rendues publiées par le groupe terroriste, auraient produit un véritable "effet électrochoc", selon un haut responsable israélien : « Jusque-là, le Hamas bénéficiait d’un certain capital de sympathie. Mais ces images ont tout changé. Il est maintenant sous pression internationale, et il le sent ». À tel point que le mouvement islamiste aurait exprimé sa "disposition à laisser entrer des vivres et des médicaments", à condition – classique – qu’Israël rouvre les points de passage pour l’aide humanitaire.
Le président Itshak Herzog et le Premier ministre Benyamin Netanyahu ont, ces jours-ci, directement interpellé les dirigeants du CICR. Herzog s’est entretenu avec sa présidente, Mirjana Spoljaric, et Netanyahu avec le chef de la délégation régionale, Julien Larison. Objectif : alerter sur l'urgence de venir en aide aux otages détenus dans des conditions épouvantables et dont a vie est menacée.
Fait notable : la Croix-Rouge a condamné publiquement les vidéos des deux otages. Une déclaration interprétée à Jérusalem comme un tournant. Selon les informations reçues, le CICR tente désormais de convaincre le Hamas d’autoriser l’acheminement de l’aide. L’organisation internationale se dit aussi prête à intensifier ses livraisons humanitaires à Gaza – dans la limite des accords obtenus.
En début de semaine, le CICR avait publié un communiqué déclarant être « prêt à fournir de la nourriture, des médicaments et des nouvelles des familles aux otages détenus à Gaza », tout en précisant qu’il ne participait pas aux négociations entre Israël et le Hamas et en appelant à « faciliter sans délai et massivement l’entrée de l’aide humanitaire destinée aux Gazaouis ».
Côté israélien, on veut croire que ce début de dialogue puisse ouvrir une brèche, même ténue, dans le mur d’indifférence qui entoure le sort des otages. Reste à voir si ce sursaut de la Croix-Rouge, aussi tardif soit-il, pourra réellement sauver des vies. Ou s’il s’agit simplement d’une nouvelle manoeuvre dans la guerre des communiqués.