Dans quelques heures, le cabinet de sécurité israélien doit examiner un plan présenté par Benyamin Netanyahu suite à l'échec des négociations avec le Hamas sur la libération des otages : la reprise du contrôle total de la bande de Gaza, y compris Gaza-Ville et les camps centraux. Un projet qui impliquerait l’engagement de plusieurs divisions de Tsahal pendant plusieurs mois, dans une opération terrestre d’envergure destinée à écraser les dernières forces du Hamas.
Une approche contestée par le chef d’état-major, le général Eyal Zamir, qui défend une stratégie plus souple et fragmentée : des opérations ciblées dans des zones bien définies, avec des incursions ponctuelles, des frappes précises et un retrait rapide, sans reconquête prolongée.
Sur le fond, les deux hommes partagent le même objectif : neutraliser durablement le Hamas, empêcher sa reconstruction et garantir la sécurité des localités israéliennes à la frontière. Mais c’est sur les moyens d’y parvenir que la divergence est nette.
Eyal Zamir considère qu’une présence militaire flexible, dissuasive et cyclique permettrait d’atteindre ces objectifs sans alourdir inutilement le bilan humain, ni provoquer de crise humanitaire incontrôlable. Selon l’armée, Tsahal a aujourd’hui les capacités de mettre en place un nouveau périmètre de sécurité autour de Gaza, tout en menant une guerre d’usure efficace.
Netanyahou, lui, envisage une approche plus radicale et frontale, misant sur l’entrée de plusieurs divisions dans Gaza-Ville, le déplacement massif des civils vers le sud, et l’instauration d’un contrôle sécuritaire israélien sur toute l’enclave. L’idée étant de créer un choc suffisamment fort pour faire basculer la dynamique sur le terrain, aussi bien militaire que psychologique.
Cependant, selon plusieurs sources sécuritaires et politiques, cette offensive annoncée ne viserait pas réellement la réoccupation de Gaza. Il est admis que Netanyahou préfère un accord à une conquête totale, et que le véritable objectif du Premier ministre serait de faire pression sur le Hamas pour relancer les négociations sur la libération des otages.
Dans cette lecture, l’annonce d’une vaste opération terrestre serait avant tout un levier psychologique et stratégique : montrer que Tsahal est prêt à tout pour contraindre le Hamas à céder du terrain dans les pourparlers indirects via le Qatar, l’Égypte et les États-Unis.
La crainte, côté militaire, est de s’enfermer dans un cycle d’opérations massives, coûteuses en vies humaines — soldats et civils — et risquées, sans résultat tangible. À l’inverse, une pression constante et ciblée, combinée à une diplomatie offensive, permettrait d’obtenir davantage de résultats sans plonger dans une guerre d’occupation.
Autre question à prendre en considération : celle de l’impact humanitaire. Toute extension de l’offensive militaire risque d’aggraver la crise humanitaire et d’embraser davantage l’opinion internationale. Le sujet des otages, lui, constitue également une donnée centrale : une opération de grande ampleur pourrait compromettre leur sécurité. Le dilemme est sensible et complexe : agir avec force, ou temporiser en espérant un accord qui tarde à venir ?