Que signifie réellement la décision prise cette nuit (jeudi à vendredi) par le cabinet de sécurité concernant une conquête de la ville de Gaza ?
Le journaliste israélien Amit Segal décrypte la situation et conclut que le cabinet a repoussé cette nuit, par sa décision, le moment où le Hamas sera vaincu en ne fermant pas la porte à un accord partiel de libération des otages.
''L’élément le plus marquant dans la décision prise par le cabinet cette nuit est ce qu’elle ne contient pas : contrairement à la position officielle d’Israël, selon laquelle elle soutient uniquement un accord global, le cabinet n’a pas exclu un accord partiel'', écrit Segal.
''Des ministres des deux camps ont souligné l’importance de cette nuance. En réalité, presque tous les participants – de Smotrich à Sa’ar, en passant par le chef d’état-major Zamir – sont sortis déçus de la décision. D’un côté, il n’y a pas de décision explicite visant à vaincre le Hamas ; de l’autre, on engage une opération militaire intense dans la ville de Gaza, malgré son coût élevé en vies humaines et en impact diplomatique. Le calendrier actuel prévoit un mois de préparation pour l’opération, suivi d’un mois de prise de contrôle militaire initiale. Ainsi, la date cible pour l’achèvement de l’opération est le 7 octobre 2025, soit deux ans jour pour jour après le massacre. Le chef d’état-major a évoqué de graves difficultés logistiques, tout en estimant que l’opération condamnerait le sort des otages.
Cela a conduit à une forme de compromis décevant pour tous : Gaza sera conquise, mais à tout moment, si le Hamas accepte un accord, un cessez-le-feu sera instauré, suivi d’un retrait des forces'', explique le journaliste.
Amit Segal rapporte également des extraits des échanges au sein du cabinet cette nuit montrant les divergences d'opinion:
Le chef d’état-major Zamir a protesté : « On n’entre pas à Gaza au prix de telles pertes juste pour faire pression sur le Hamas. »
Arié Derhy : « Il est immoral de ne pas libérer les otages. »
Betsalel Smotrich : « Est-ce moral que cent soldats meurent, pour ensuite se retirer pour dix otages ? »
L’armée : « À cause des explosifs, il faudra trois mois et trois divisions. »
Smotrich : « Alors vous êtes coupables, parce que ces explosifs ont été placés à cause d’accords précédents. Cela signifie que le prix de l’accord est la fin de la guerre. Autant aller avec le plan du chef d’état-major : stabilisons la ligne de front, allons aux élections, et que le peuple choisisse sa voie. »
Après ces échanges, Netanyahou a promis à Smotrich que le Hamas serait vaincu à Gaza, en s’appuyant sur les propos du ministre Dichter, selon lesquels la destruction de la ville de Gaza aiderait à faire tomber le Hamas.
Les ministres du Likoud ont donné leur soutien à Netanyahou, et le nouveau plan a été adopté.
Finalement, c'est Gal Hirsch, le coordinateur de la question des otages auprès du gouvernement, qui a résumé la situation : ''Faire pression sur le Hamas pour qu’il accepte un accord. La défaite du Hamas n'est pas pour tout de suite''.