Pour la première fois, des chiffres précis révèlent l'ampleur des échanges commerciaux entre Gaza et Israël durant la décennie qui a précédé le 7 octobre. Des données qui prouvent d'un côté que le fameux blocus de l'enclave était presque inexistant, mais surtout que certaines marchandises ont sans doute contribué à renforcer le Hamas et ses infrastructures terroristes. Les chiffres proviennent de données officielles du ministère israélien de la Défense, obtenues par N12 via une demande d’accès à l’information déposée auprès du Mouvement pour la liberté d’information.

Outre les centaines de millions de dollars versés par le Qatar à Gaza avec l’aval de Jérusalem, entre 2015 et 2023, une moyenne de 117 000 camions de marchandises entraient chaque année dans la bande de Gaza, soit plus d’un million sur neuf ans. Aliments, fournitures médicales, carburant, bétail, équipements de communication… mais aussi des matériaux de construction stratégiques : 90 000 camions de ciment, 21 000 de fer, 11 000 d’équipements d’infrastructure et 382 000 de granulats. Un tiers de ces cargaisons contenait des matériaux susceptibles d’alimenter le vaste réseau de tunnels du Hamas.

Chaque tonne entrant à Gaza était taxée par le mouvement islamiste, qui disposait d’un quasi-monopole sur les importations.

Cette politique avait déjà été dénoncée en 2019 par Benny Gantz comme un « silence contre argent ». Le Shin Bet l’a identifiée, après le 7 octobre, comme l’un des facteurs clés ayant permis l’ascension du Hamas.

Parallèlement, Gaza exportait aussi vers Israël. En 2022, 9 400 camions en provenance de l’enclave sont entrés dans le pays, majoritairement chargés de produits agricoles : 24 000 tonnes de tomates, 11 000 de concombres, 7 000 d’aubergines, 5 600 de fraises, mais aussi du poisson, des peaux de bœuf, des meubles et des textiles.