L’incident reste à ce jour le plus meurtrier depuis le début des opérations terrestres lancées à Gaza : le 22 janvier 2024, deux immeubles minés par Tsahal et dans lesquels opéraient des soldats ont été visés par des missiles RPG du Hamas. Les bâtiments ont été entièrement soufflés, entraînant la mort de 21 soldats. Parmi les victimes se trouvait Elkana Sfez, un Franco-Israélien de 25 ans. Le jeune homme aurait pu ne pas servir dans l’armée car il bénéficiait d’une dispense. Malgré cela, il s’était démené pour pouvoir devenir combattant et servir son pays au mieux, et avait tout fait pour intégrer le service de réserve dès le lendemain du 7 octobre.
Depuis les abysses de douleur où cette perte les a plongés, les parents du jeune homme, Ra'hel et Eliyahou, ont cherché un moyen de perpétuer sa mémoire. Assez rapidement, l’idée d’entreprendre quelque chose autour de la restauration s’est imposée. Elkana avait en effet pour projet de faire carrière dans ce domaine qu’il avait découvert en travaillant un temps dans un restaurant après son bac, puis à son retour de Guinée-Bissau en mai 2023, où il travaillait dans l’équipe de sécurité du président.
« C’est comme cela que nous avons créé l’association Yad Elkana et ouvert un food truck pour les soldats, un projet que nous avions évoqué avec Elkana ces dernières années », raconte Eliyahou Sfez. L’endroit était tout trouvé puisque la famille vit à Kiryat Arba, qui jouxte 'Hevron, en Judée-Samarie, une zone où sont postés en permanence de nombreux militaires. « Elkana aimait la restauration car il disait que manger de bonnes choses apporte de la joie aux gens et que cela les rapproche. Et c’est exactement ce que nous voulions procurer aux soldats : de la joie et le sentiment qu’ils sont soutenus », souligne Eliyahou.
La famille a aménagé un espace en plein air à l’entrée de la localité, qu’elle a baptisé « Gan Elkana », et y a installé un food truck qui distribue des centaines de repas aux militaires chaque semaine. Au menu : de savoureux hamburgers, des entrecôtes ou des « parguiot » accompagnées d’un pain délicieux, le tout préparé avec soin. Et plus que tout : des sourires, et un vrai moment de détente et de réconfort pour ces jeunes. « Je ressens une sorte de mission dans le fait de nourrir les soldats et leur donner un peu de plaisir. C’est ce qui me motive et me maintient », confie le père d’Elkana qui n’a pu reprendre son travail après le décès de son fils et dont le food truck est devenu l’activité principale. Il aimerait à présent pouvoir acquérir un véhicule pour remorquer la caravane et lui permettre de se déplacer dans plusieurs régions à la rencontre des soldats. Mais la priorité est déjà d’avoir les moyens financiers de poursuivre l’activité telle qu’elle existe – un challenge renouvelé chaque semaine.
Pour soutenir Yad Elkana : https://yadelkana.org.il/
Article paru dans ActuJ (n°1792)