Face à un déficit estimé entre 10 000 et 12 000 soldats dans ses rangs, l'armée israélienne explore une piste inédite : recruter massivement parmi les jeunes juifs de la diaspora. Une démarche révélée lundi par Doron Kadosh, correspondant militaire de Galei Tsahal, qui illustre les difficultés croissantes de l'état-major pour maintenir ses effectifs.

Depuis le 7 octobre et l'intensification des opérations militaires, Tsahal fait face à une pénurie chronique d'effectifs. "La réalité exige une réflexion créative", reconnaissent des hauts responsables militaires, contraints d'explorer toutes les pistes pour reconstituer les rangs.

La Division des ressources humaines de l'armée a identifié un potentiel de recrutement de plus de 10 000 candidats par classe d'âge parmi les communautés juives à l'étranger. Un vivier considérable que Tsahal compte désormais solliciter activement.

Le programme envisagé ciblerait prioritairement les jeunes juifs âgés de 18 à 25 ans résidant aux États-Unis et en France, les deux plus importantes communautés de la diaspora. L'objectif initial, encore modeste, vise le recrutement de 600 à 700 soldats supplémentaires par an.

Ces jeunes seraient invités à venir en Israël pour plusieurs années de service militaire, une démarche qui nécessiterait un accompagnement logistique et administratif considérable. Le projet, encore aux premiers stades d'étude selon l'état-major, témoigne de l'urgence de la situation.

"Faire appel au sentiment juif"

"Tsahal est contraint de faire appel au sentiment juif chaleureux des juifs de la diaspora", résume Doron Kadosh dans son analyse. Cette formulation révèle l'objectif : transformer l'attachement émotionnel à Israël en engagement militaire concret.

L'initiative marque un tournant dans la stratégie de recrutement de l'armée israélienne, traditionnellement centrée sur la conscription obligatoire des citoyens. Elle souligne aussi les limites du système actuel, incapable de combler ses besoins malgré la mobilisation massive des réservistes depuis plus d'un an.

Cette "mesure créative", pour reprendre les termes de l'état-major, reste cependant hypothétique. Aucun calendrier précis n'a été communiqué, et les modalités pratiques demeurent floues. Le succès d'une telle démarche dépendra largement de la réceptivité des communautés visées et de leur volonté d'encourager leurs jeunes à s'engager militairement en Israël.