Le Fonds humanitaire de Gaza (GHF), organisation soutenue par les États-Unis et Israël, a lancé lundi 18 août 2025 un dispositif inédit : les familles peuvent désormais précommander leurs colis alimentaires via un compte en ligne, un profil personnel et une carte d’identification. Après avoir distribué plus de deux millions de colis depuis le début de la guerre, la fondation affirme vouloir réduire les attroupements, limiter les bousculades et améliorer la gestion des stocks. Le programme pilote, démarré dans le quartier dit Saudi Neighborhood avec 350 familles inscrites, pourrait être élargi dans les prochaines semaines.

Pour ses promoteurs, ce système marque une avancée : il vise à garantir un accès plus ordonné, sûr et digne à l’aide humanitaire dans un contexte où les distributions sont souvent chaotiques. Le président américain Donald Trump a salué cette initiative comme une « innovation en zone de guerre », tandis que les organisateurs espèrent en faire un modèle durable.

Mais l’initiative suscite aussi de vives critiques. L’ONU a mis en garde contre le risque de transformer l’aide en instrument de contrôle, rappelant que l’assistance humanitaire doit rester neutre et indépendante. Plusieurs ONG dénoncent une gestion politisée et militarisée, pointant des précédents où la distribution encadrée avait mené à des drames humains. Dans un climat où l’accès à la nourriture reste vital, beaucoup craignent que ce système ne devienne un outil de filtrage plutôt qu’un progrès logistique.

Entre volonté affichée d’innovation et soupçons d’instrumentalisation, le système de précommande du GHF illustre les contradictions de l’aide humanitaire à Gaza : une tentative de modernisation qui pourrait soulager la population mais qui reste, dans le contexte actuel, au cœur d’une controverse politique et morale.