Israël

La municipalité de Tel Aviv lance une offensive contre les synagogues orthodoxes de la ville

La ville exige qu'elles se conforment à une charte d'égalité "sans distinction de sexe ou de confession"

3 minutes
24 août 2025

ParJohanna Afriat

La municipalité de Tel Aviv lance une offensive contre les synagogues orthodoxes de la ville
La grande synagogue de Tel Aviv Photo by Yaakov Naumi/Flash90

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La municipalité de Tel-Aviv exige désormais des synagogues de la ville qu'elles signent une charte d'égalité "sans distinction de sexe ou de confession", sous peine d'expulsion. Cette décision suscite une vive polémique, les responsables religieux craignant de ne plus pouvoir fonctionner selon le modèle orthodoxe.

Environ 130 synagogues sont concernées par cette mesure, qui exige qu'elles agissent conformément aux "valeurs de la Déclaration d'indépendance".

Le document de principes municipal stipule que "la synagogue offrira des services religieux à tous les résidents du quartier et des environs selon leur caractère et leur disposition, sans distinction d'âge, de sexe ou de foi, et que la forme de la prière sera déterminée par le comité exécutif en tenant compte de cela".

De nombreuses synagogues refusent catégoriquement de signer, tandis que celles qui l'envisagent redoutent les conséquences pratiques de cet engagement.

Maître Shove, représentant de nombreuses synagogues tel-aviviennes, a soulevé des questions fondamentales devant le tribunal : "Si le quartier est laïc, la synagogue devrait-elle prier en direction de la place Rabin et non de Jérusalem ? Quelle que soit la confession, cela signifie-t-il que s'il y a un chrétien, je dois prier selon le format chrétien ?"

La municipalité se défend

Face aux critiques, la municipalité de Tel-Aviv a tenu à préciser sa position : "Contrairement à ce qui est affirmé, il ne s'agit pas d'une 'campagne', mais d'une clause figurant dans les nouveaux contrats de location de synagogues, établis périodiquement. Cette clause vise à garantir l'absence de discrimination ou d'exclusion des résidents souhaitant participer aux activités de la synagogue."

L'autorité municipale justifie sa démarche en affirmant que les synagogues sont des bâtiments publics tenus de fonctionner conformément aux valeurs municipales.

L'organisation rabbinique Tzohar a vigoureusement réagi, appelant "la municipalité de Tel-Aviv à agir de manière responsable et à renouveler immédiatement les relations avec les synagogues sur la base des accords qui existaient dans le passé".

L'organisation souligne que "les synagogues de toutes confessions ont toujours fonctionné au cœur des villes d'Israël et sont ouvertes à tous ceux qui souhaitent les fréquenter, sans discrimination ni divergence d'opinion, conformément à la coutume du peuple juif à travers ses générations".

Les ministres montent au créneau

Le ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu, a également vivement critiqué cette initiative municipale. Il pointe une inégalité de traitement : "Alors que les prières arabes se déroulent au Delphinarium dans une séparation complète et sans interruption, et que les mosquées ne sont pas tenues de signer une quelconque déclaration, les synagogues et les fidèles de Tel Aviv se sentent comme une minorité persécutée."

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, est lui aussi monté au créneau : « Attenter aux synagogues, cœur de l'identité et de la tradition du peuple juif, est une honte et une infamie, et franchit toutes les lignes rouges. »

Ben Gvir a ajouté : « Les synagogues sont l'épine dorsale du peuple juif, et elles subsisteront longtemps après que quiconque tentera d'éradiquer le judaïsme aura été oublié. Quiconque pense pouvoir déraciner la Torah et l'identité de notre peuple se trompe lourdement. »

Il a lancé un appel à la municipalité : « Arrêtez immédiatement cette action dangereuse et méprisable. Nous ne baisserons pas la tête, nous ne resterons pas silencieux et nous ne transformerons pas l'État juif en un 'État de tous ses citoyens' sur le dos des synagogues. »

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