Israël

A quoi ressemble Gaza-ville, la "capitale du Hamas" où Tsahal s'apprête à entrer ?

Le réseau de tunnels sous la ville est "bien plus complexe que prévu", selon un officier de Tsahal

4 minutes
24 août 2025

ParJohanna Afriat

A quoi ressemble Gaza-ville, la "capitale du Hamas" où Tsahal s'apprête à entrer ?
Gaza-ville Photo by Abed Rahim Khatib/Flash90

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Avant le 7 octobre 2023, il était encore possible de commander un "matcha latte" dans un café de Gaza ville, de se rendre dans un studio de yoga ou de flâner dans un parc. Aujourd'hui, cette image appartient au passé. La plus grande ville du nord de la bande de Gaza, que le ministre israélien de la Défense Israel Katz qualifie de "capitale du Hamas", est méconnaissable.

Une ville double : visible et souterraine

Gaza ville s'étend sur deux niveaux. En surface, un paysage de désolation façonné par "des dizaines de milliers de frappes" israéliennes selon CNN. Dans les profondeurs, un labyrinthe sophistiqué que l'armée israélienne peine encore à cerner après deux ans de guerre.

"Le réseau souterrain est bien plus complexe qu'anticipé", confie une source militaire israélienne à CNN. "Il comprend des quartiers généraux stratégiques, des antennes et des tunnels tactiques utilisés pour des déplacements rapides et des attaques surprises." Cette ville invisible, construite sous l'ancien centre économique de la bande de Gaza, constitue l'épine dorsale du pouvoir du Hamas.

Gaza ville Photo by Abed Rahim Khatib/Flash90

En surface, Gaza, comme de très nombreuses autres villes de l'enclave, ville ressemble à un décor de film catastrophe. La plupart des bâtiments gisent en ruines, éventrés par les bombardements. Selon une étude l'Université hébraïque publiée le mois dernier, 78 % des bâtiments de la ville ont été complètement ou partiellement détruits.

Une fumée noire s'élève en permanence au-dessus de la ville, alimentée par la combustion de plastique et de bois. Explosions lointaines et bourdonnement incessant des drones israéliens composent la bande sonore quotidienne de la cité.

Dans cette Gaza transformée, environ un million d'habitants vivent dans des bâtiments à demi-détruits ou s'entassent dans des camps de tentes.

Les plus fortunés financent des générateurs pour quelques heures d'électricité. Dans les rares marchés encore ouverts, les prix sont devenus prohibitifs pour la majorité des Gazaouis. Hôpitaux et pharmacies ont cessé de fonctionner.

L'économie de l'ombre

Une économie parallèle s'est développée dans cette "capitale" en ruines. Des gangs contrôlent le pillage des marchandises, tandis qu'une banque clandestine permet de retirer de l'argent liquide - moyennant une commission de 50% versée aux groupes qui dominent les flux financiers.

La nuit, la ville change de visage. Des bandes armées sillonnent les rues, contraignant les habitants à s'armer pour se défendre. "C'est devenu la loi de la jungle", témoigne un résident.

Le Hamas invisible

Paradoxalement, dans cette "capitale du Hamas", l'organisation terroriste semble avoir disparu de l'espace public. Fini le temps où ses membres patrouillaient ouvertement dans les rues et où ses bureaux fonctionnaient à découvert.

"Ces connards n'ont plus aucun contrôle, ce n'est plus comme avant", lance Abu Muhammad, un habitant qui préfère taire son nom complet par peur des représailles. "Parfois, on les voit surgir soudainement, sans savoir d'où ils viennent."

Gaza ville Photo by Abed Rahim Khatib/Flash90

Leurs anciennes institutions - bureaux administratifs, bâtiments municipaux, commissariats - gisent en ruines. Les membres du Hamas se terrent, redoutant d'être repérés et éliminés. Leur pouvoir s'exerce désormais uniquement depuis les souterrains, à travers "des moyens particuliers de communiquer et de s'organiser" que les habitants ne parviennent pas à décrypter.

Une forteresse souterraine

Cette invisibilité en surface masque une réalité différente. Depuis 2007, date de la prise de pouvoir du Hamas à Gaza, l'organisation a transformé la ville en une véritable forteresse souterraine. Ce qui était initialement un réseau de contrebande, permettant aux Gazaouis de "goûter au monde extérieur" malgré le blocus, est devenu un système militaire sophistiqué.

Aujourd'hui, face à l'offensive israélienne imminente baptisée "Les Chariots de Gédéon II", cette "capitale" souterraine du Hamas s'apprête à livrer ce qui pourrait être sa bataille décisive. Les terroristes ont eu le temps de "se retrancher et de creuser des tranchées", prévient une source militaire israélienne. "Ils savent que nous arrivons et ils s'y préparent."

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