Sécurité

« On me tire dessus » : les appels glaçants reçus par les pompiers le 7 octobre

Les appels reçus par le standard des pompiers, ce samedi noir, dévoilés

3 minutes
25 août 2025

ParNathalie Sosna Ofir

« On me tire dessus » : les appels glaçants reçus par les pompiers le 7 octobre
Des jeunes de 21 à 27 ans, arrivés ce matin-là pour une garde ordinaire, en sont sortis avec des blessures invisibles mais profondes, crédit : Pompiers

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« Pompiers d’Israël, comment pouvons-nous vous aider ? » – « À Sderot, près de la bibliothèque… beaucoup de morts. Le Hamas est entré ici et tire sur tout le monde à la station de bus près de la bibliothèque. Vite, il y a des gens… beaucoup de gens meurent. Ils circulent dans leurs voitures et tirent. »

« Nous sommes coincés, tout le kibboutz brûle ! » – « Les enfants suffoquent, aidez-nous ! »

Ces appels glaçants, reçus dans les premières heures du 7 octobre, n’étaient ni de simples incendies ni des accidents. Ils provenaient de civils piégés dans les localités et communautés de la région frontalière de Gaza, ainsi que de participants au festival Nova. Tous suppliaient d’être sauvés dans leurs derniers instants. Les opérateurs ont tenté de rassurer, coordonner les secours et mobiliser les équipes, mais le chaos à l’extérieur dépassait toute capacité d’action. Les appels se coupaient brusquement : parfois par une rafale de tirs, parfois dans un silence pesant. Restait le bruit du feu, des pleurs et la certitude qu’il n’y avait aucun moyen d’aider.

Deux ans plus tard, ces souvenirs hantent encore les opérateurs, des jeunes âgés de 21 à 27 ans, arrivés ce matin-là pour une garde ordinaire et qui en sont sortis avec des blessures invisibles mais profondes.

Idan Hazan, responsable d’équipe au centre de commandement du district sud, se souvient : « Tout s’est passé si vite. 6h30 – comme si le monde s’effondrait. Je n’avais jamais rien vécu de tel. Les premiers appels affluaient sans arrêt : ce n’étaient pas des incendies ou des accidents habituels, mais des chuchotements étouffés : ‘On me tire dessus.’ »

Les opérateurs ont dû répondre à des mères paniquées, incapables de joindre leur mari disparu, ou gérer des rapports de personnes portées disparues mêlés à des appels désespérés d’autres pompiers et officiers, certains n’étant jamais revenus.

Le rôle d’un opérateur est normalement de recevoir l’appel et de le transmettre aux équipes sur le terrain. Le 7 octobre, c’était totalement différent. Certains appels ont duré 40 minutes, 50 minutes, parfois une heure et demie. Parfois, ils essayaient de rassurer ; parfois, ils restaient silencieux avec la personne jusqu’au dernier instant, jusqu’à ce que l’appel soit coupé par une rafale de tirs ou que le souffle disparaisse à l’autre bout du fil.

« Le 7 octobre, nous avons été confrontés à des situations que aucune formation ne prépare », raconte Hazan. Une famille piégée dans sa maison en feu suppliait : « Pouvons-nous lâcher la porte ? Arrêter de tenir ? » Des blessés recevaient des instructions pour appliquer un garrot, un rôle qui ne faisait pas partie de leur fonction habituelle.

Eyal Kaspi, crédit : pompiers

« Nous sommes beaucoup plus préparés, professionnels et conscients de la responsabilité qui repose sur nos épaules. C’est un petit système, mais composé de véritables héros prêts à tout, jusqu’à risquer leur vie, pour les habitants d’Israël. Notre objectif est de renforcer la résilience nationale afin de permettre aux forces de sécurité et à Tsahal de remplir leur mission, tout en ramenant les otages et disparus à leurs familles le plus rapidement possible. » a confié le commissaire général des pompiers, Eyal Kaspi.

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