France

Soeur d'Ilan Halimi : "Si mon frère avait été enterré en France, sa tombe aurait déjà été profanée"

Anne-Laure Abitbol s'alarme de la recrudescence de l'antisémitisme et dit craindre pour ses enfants

3 minutes
26 août 2025

ParJohanna Afriat

Soeur d'Ilan Halimi : "Si mon frère avait été enterré en France, sa tombe aurait déjà été profanée"
Ilan Halimi

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Invitée sur RTL lundi, Anne-Laure Abitbol, la sœur d'Ilan Halimi, a dressé un constat alarmant sur la montée de l'antisémitisme en France. Vingt ans après l'assassinat de son frère, elle estime que la situation s'est considérablement dégradée et craint désormais pour la sécurité de ses propres enfants.

En février 2006, Ilan Halimi, jeune Français juif de 23 ans, avait été enlevé, torturé et assassiné par le "gang des barbares". Retrouvé agonisant près d'une voie du RER C, nu, bâillonné et menotté, il portait des traces de brûlures sur tout le corps. Sa famille avait alors pris la décision de l'inhumer en Israël, un choix qu'elle ne regrette pas aujourd'hui.

L'abattage récent, à la mi-août, de l'olivier planté en hommage à Ilan Halimi à Épinay-sur-Seine a ravivé la douleur familiale. Pour Anne-Laure Abitbol, cet acte de vandalisme prouve que "ils lui en veulent encore" et illustre la persistance de la haine antisémite.

La sœur d'Ilan Halimi en est certaine : si son frère avait été enterré en France, sa sépulture aurait été profanée. "C'est sûr et certain", affirme-t-elle sans détour, témoignant de sa perte de confiance en la capacité du pays à protéger la mémoire des victimes juives.

Cette crainte s'étend aujourd'hui aux vivants. Mère de trois enfants, Anne-Laure Abitbol redoute pour leur sécurité au quotidien : "J'ai peur pour eux. Ils se cachent, ils font attention, ils enlèvent la kippa, dissimulent leur Magen David." Une situation qu'elle qualifie d'anormale dans une République française qui se veut protectrice de tous ses citoyens.

Des "paroles vaines" face à l'urgence

Bien qu'Emmanuel Macron ait dénoncé un "acte de haine" après la destruction de l'olivier commémoratif, Anne-Laure Abitbol reste sceptique face aux déclarations présidentielles. "On voudrait des actes pour que l'on puisse vivre aujourd'hui tranquillement notre judéité", plaide-t-elle, accusant le chef de l'État de ne "rien faire" contre l'antisémitisme.

Sa frustration est palpable : selon elle, "aucune leçon n'a été tirée" du meurtre de son frère, pourtant censé avoir marqué un tournant dans la prise de conscience nationale. La recrudescence "impressionnante" des actes antisémites depuis le 7 octobre 2023 ne fait que confirmer ses inquiétudes.

Face à cette dégradation, la famille Halimi envisage-t-elle l'alyah ? "J'y pense", reconnaît Anne-Laure Abitbol avec amertume. "Ici, on n'est plus en sécurité quand on est mort", a-telle lancé.

Interrogée sur la politique de Benyamin Netanyahou, elle estime que le Premier ministre israélien "fait du mieux qu'il peut pour gérer cette situation très délicate". Elle appelle toutefois à ne pas faire d'amalgame entre les actions du gouvernement israélien et la communauté juive française, fustigeant ces raccourcis qu'elle considère comme l'une des causes de la hausse récente des actes antisémites.

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