Israël

Pèlerinage à Ouman : menaces de blocage de l'aéroport si les hassidim déserteurs sont empêchés de voyager

Le gouvernement planche sur un plan alternatif permettant à certains de ces jeunes de voyager malgré tout

3 minutes
26 août 2025

ParJohanna Afriat

Pèlerinage à Ouman : menaces de blocage de l'aéroport si les hassidim déserteurs sont empêchés  de voyager
Pèlerins sur le départ vers Ouman à l'aéroport Ben Gourion Photo by Yossi Zeliger/Flash90

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L’ancien maire d’Elad, Israël Porush, aujourd’hui responsable d’un centre d’aide aux étudiants de yeshiva appelés pour le service militaire, a menacé d'un blocage de l'aéroport Ben Gourion si les jeunes orthodoxes étaient empêchés de voyager à Ouman pour Roch Hachana.
« S'il le faut, nous ferons venir 20 000 personnes à l’aéroport et nous bloquerons l’accès. Si nous ne voyageons pas, personne ne voyagera. Ce qui est permis à la gauche nous est permis également. Toutes les options sont sur la table », a averti Porush.

Chaque année, des milliers de Hassidim de Breslev se rendent à Ouman en Ukraine pour le Nouvel an juif. Mais cette année, une partie d’entre eux se heurte à un obstacle majeur : les ordres d’interdiction de sortie du territoire visant ceux soupçonnés de vouloir échapper au service militaire. Selon les estimations, environ 5 000 voyageurs potentiels sur les dizaines de milliers attendus seraient concernés.

Le gouvernement plancherait toutefois sur un plan alternatif permettant à certains de ces jeunes de voyager malgré tout. Selon la proposition sur la table, aucune personne sans exemption officielle ne pourrait quitter le pays. Toutefois, les étudiants de yeshiva dont le statut reste en suspens en raison de l’expiration de la loi sur la conscription pourraient continuer à vivre normalement - et donc à voyager - , en attendant une nouvelle législation. Ils seraient donc temporairement autorisés à se rendre à Ouman puis à rentrer immédiatement.

Le plan suscite de vives réactions dans les rangs de l'opposition. Avigdor Lieberman, leader du Pari Israel Beitenou a dénoncé une manoeuvre "honteuse" : "Alors que des milliers de soldats réservistes seront à Gaza pendant les fêtes de Tichri, le gouvernement travaille pour permettre aux déserteurs de voyager", a-t-il dénoncé.

Les rabbins haredim prennent leurs distances

Dans les milieux religieux, les réactions divergent. Selon une source citée par Maariv, « si certains étudiants de yeshiva choisissent de prendre l’avion et sont arrêtés, ce sera leur problème ». La même source a précisé que les grandes figures du rabbinat haredi n’ont pas l’intention de soutenir ceux qui privilégient Ouman à leurs études.
De son côté, le président du Judaïsme unifié de la Torah, Yitzhak Goldknopf, a adressé une lettre au Premier ministre Benjamin Netanyahou. Il lui demande d’élargir les dérogations de voyage non seulement aux fidèles de Breslev, mais aussi aux hassidim Habad se rendant chaque année à New York pour les fêtes de Tishrei, ainsi qu’à d’autres communautés hassidiques.
« Votre volonté de trouver une solution n’est pas évidente et nous vous en sommes reconnaissants », écrit-il, tout en plaidant pour « élargir le cadre aux milliers de fidèles concernés ».

Les autorités judiciaires inflexibles

Malgré les pressions politiques, les autorités judiciaires et policières sont catégoriques : il n’existe aucun fondement légal permettant d’empêcher l’arrestation des déserteurs. Selon une information de Kan, l’Autorité de l’immigration compte intercepter à l’aéroport Ben Gourion les étudiants de yeshiva considérés comme transfuges, même si le gouvernement tente de leur faciliter le passage.

Les juristes de l’État soulignent que le projet n’a pas été soumis aux instances légales compétentes ni validé par la police. En l’absence d’un tel cadre, la ligne officielle reste claire : les déserteurs seront arrêtés.

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