Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré mardi soir qu’il reconnaissait officiellement le génocide arménien, une première pour un chef de gouvernement israélien. Cette prise de position, hautement sensible sur le plan diplomatique, a immédiatement suscité la colère de la Turquie.
Dans un communiqué, le ministère turc des Affaires étrangères a dénoncé « une tentative d’exploiter les tragédies douloureuses du passé à des fins politiques », ajoutant que les propos du Premier ministre israélien visaient à « dissimuler le génocide mené à Gaza ». Ankara a par ailleurs rejeté catégoriquement la reconnaissance israélienne, affirmant qu’elle n’était « pas cohérente avec les faits historiques et juridiques ».
Une déclaration spontanée
C’est lors d’une interview télévisée que cette reconnaissance a eu lieu. Un journaliste a interpellé Netanyahou en soulignant qu’au regard de l’histoire du peuple juif, Israël aurait dû être l’un des premiers pays à reconnaître le génocide arménien. « Pourquoi Israël ne reconnaît-il pas le génocide arménien commis par les Turcs ? », lui a-t-il demandé.
Le Premier ministre a alors répondu : « En fait, nous l’avons fait. La Knesset a adopté une résolution à ce sujet. » Mais face à l’insistance du journaliste, qui lui rappelait qu’aucune déclaration n’était venue directement de lui en tant que chef de gouvernement, Netanyahou a conclu : « Et bien voilà, je viens de le reconnaître. »
Cette reconnaissance officielle constitue une rupture avec la prudence diplomatique adoptée par Israël depuis des décennies, en raison de ses relations complexes avec Ankara. Plusieurs tentatives parlementaires avaient déjà été faites à la Knesset pour reconnaître le génocide, mais aucune n’avait jusque-là abouti à un engagement clair de l’exécutif.
Entre 1915 et 1917, au sein de l’Empire ottoman, environ 1,5 million d’Arméniens ont été massacrés, déportés ou sont morts de faim lors de transferts forcés. Des milliers de villages et de villes ont été détruits, entraînant la quasi-disparition de la communauté arménienne dans l’Empire. Cet épisode est considéré comme l’un des premiers génocides du XXe siècle.