L'éditorialiste affirme que malgré l’impression que la chute du régime de Bachar al-Assad et la montée au pouvoir d’Ahmad al-Shar’a en Syrie n’aideront pas beaucoup à se rapprocher d’Israël, la réalité des relations et des conflits dans la région a prouvé le contraire. Khoury soutient que la signature d’un accord de paix, de normalisation ou de sécurité entre la Syrie post-Assad et Israël semble beaucoup plus facile que l’obtention d’un accord similaire avec le Liban, même si le président libanais ne partage pas une doctrine religieuse similaire à celle représentée par al-Shar’a, qui appelle traditionnellement à l’élimination d’Israël.
Pour ceux qui ne sont pas encore convaincus, Khoury suggère dans l’éditorial de se rappeler des événements et du rythme des relations entre la Syrie et Israël, ainsi que de la logique politique américaine dans ce contexte. Washington exerce une pression exceptionnelle sur le nouveau gouvernement syrien, en particulier sur al-Shar’a, pour parvenir à un accord de sécurité ou même à une normalisation avec Israël avant la fin de l’année.
Khoury ajoute que cette pression n’est pas seulement un désir de normalisation mais une tentative incessante de remodeler l’équilibre des forces au Moyen-Orient et de réduire l’influence de l’Iran, allié proche de l’ancien régime. Il note que malgré le fait qu’al-Shar’a ait établi sa réputation au sein d’un mouvement extrémiste et terroriste, la volonté américaine semble parier sur un changement d’attitude du régime syrien par rapport à la réalité. Khoury décrit al-Shar’a comme quelqu’un qui « se précipite pour négocier directement avec les Israéliens et conclure un accord le plus rapidement possible ». Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement au pouvoir en Syrie, l’armée israélienne, rappelle-t-il; a "annexé" certaines zones du pays, détruit les armes de l’armée syrienne et traité les fonctionnaires syriens avec un mépris total.
Khoury ajoute que ce qui rend le chemin vers un accord entre la Syrie et Israël moins compliqué que celui avec le Liban, c’est que la Syrie n’a pas connu pendant des décennies de conflits directs sanglants avec Israël, contrairement au Liban. Ces conflits ont créé dans la conscience libanaise – populaire et politique – une barrière psychologique et nationale contre toute tentative de normalisation, indépendamment de tout prétexte. En revanche, Khoury note dans Elnashra que la mémoire syrienne par rapport à Israël se caractérise par une stagnation politique et non par une escalade, malgré l’annexion israélienne du plateau du Golan. Il affirme que le conflit syro-israélien reste limité à des équations diplomatiques et non à des affrontements directs, ce qui rend toute percée politique future plus acceptable dans la conscience publique.