Selon des informations concordantes sur les coulisses des frappes au Qatar, l'opération était loin de faire l'objet d'un consensus au sein de l'establishment sécuritaire israélien et a même provoqué des tensions avec l'administration Trump.
D'après ces révélations, c'est le Shin Bet qui a fait pression pour l'approbation de l'opération "Sommet du feu". L'agence de renseignement arguait qu'il s'agissait d'une "occasion rare" alors que plusieurs hauts responsables du Hamas étaient réunis dans la villa de Khalil al-Hayya, qui dirigeait également l'équipe de négociation de l'organisation.
Le Shin Bet justifiait cette action en soulignant que "c'est le Hamas à l'étranger qui défend des positions hostiles empêchant toute avancée dans l'accord" sur les otages.
Un timing controversé
Bien que l'ensemble des dirigeants politiques et sécuritaires d'Israël aient soutenu une action contre le leadership du Hamas à l'étranger, un débat intense s'est développé sur le timing de l'opération. Celle-ci intervenait en effet alors que la proposition Trump pour un accord global sur les otages venait tout juste d'être mise sur la table au début de la semaine.
D'un côté, Benyamin Netanyahou et le ministre de la Défense Israel Katz ont soutenu l'opération à ce stade, rejoints par le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, actuellement à Washington. Ce dernier estimait que l'administration Trump ne s'opposerait pas à une attaque contre le Qatar.
De l'autre, plusieurs hautes personnalités, dont le chef d'état-major Eyal Zamir, le directeur du Mossad David Barnea, le conseiller à la sécurité nationale Tzachi Hanegbi et le directeur du renseignement Shlomi Binder, ont exprimé des "réserves quant au calendrier actuel". Ces responsables soutenaient l'assassinat en principe mais arguaient que "les négociations en vue d'un accord dans le cadre du nouveau cadre de Trump devraient être épuisées" avant d'agir.
Mécontentement de Washington
La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a confirmé que l'armée américaine avait informé l'administration de l'attaque, précisant qu'il s'agissait d'un "bombardement d'un pays souverain et proche allié des États-Unis, qui travaille d'arrache-pied et avec courage, tout en prenant des risques pour négocier la paix".
Karoline Leavitt a déclaré que l'attaque "ne sert pas les intérêts d'Israël ni des États-Unis", tout en reconnaissant que "l'élimination du Hamas, qui s'est enrichi grâce aux souffrances des habitants de Gaza, est un objectif louable".
La Maison Blanche a révélé que Trump avait ordonné à son envoyé spécial Steve Witkoff d'informer "immédiatement" les Qataris de l'attaque imminente. Selon la porte-parole de la Maison Blanche, "le président considère le Qatar comme un allié et un ami solide des États-Unis, et regrette profondément le moment choisi pour cette attaque".
Cette version américaine est toutefois contestée par Doha. Le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, a démenti sur X les "allégations selon lesquelles le Qatar aurait été informé à l'avance de l'attaque", précisant que "l'appel reçu d'un responsable américain est intervenu à un moment où des explosions ont été entendues suite à l'attaque".