Culture

À temps pour Roch Hachana : un rarissime mahzor de Lisbonne enfin réuni à Jérusalem

Les trois volumes de ce manuscrit hébraïque, rédigé et enluminé à Lisbonne dans la seconde moitié du XVe siècle, restés dispersés pendant des décennies, enfin rassemblés à la Bibliothèque nationale d'Israël, une portée symbolique immense à a veille des fêtes de Tichri

2 minutes
16 septembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

À temps pour Roch Hachana : un rarissime mahzor de Lisbonne enfin réuni à Jérusalem
Bibliothèque nationale d'Israël

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Rédigé et enluminé probablement à Lisbonne dans la seconde moitié du XVe siècle, le manuscrit rassemble les prières et piyyoutim des grandes fêtes juives, selon le rite séfarade. L’ouvrage, d’un petit format mais somptueusement décoré, présente des enluminures typiquement portugaises : cadres en dentelle ou filigrane, motifs géométriques et floraux.

Le mahzor de Lisbonne appartient à l’école de scribes et d’artistes qui produisirent, dans les dernières années du judaïsme portugais, des manuscrits de renom comme la célèbre Bible de Lisbonne, aujourd’hui conservée à la British Library. Ces œuvres furent réalisées alors que les juifs d’Espagne, expulsés en 1492, trouvaient refuge au Portugal, avant d’y être eux-mêmes contraints à la conversion ou à l’exil en 1496.

« Même dans leurs heures les plus sombres, les communautés juives du Portugal n’ont pas renoncé à leurs livres », rappelle le Dr Haïm Neria, conservateur de la collection Haim et Hanna Solomon de Judaïca à la Bibliothèque nationale. « Ces manuscrits accompagnaient les exilés dans leurs pérégrinations, comme un héritage culturel indestructible. »

À une époque indéterminée, le mahzor fut scindé en trois volumes. Le premier, consacré aux prières du Chabbat, arriva à Jérusalem en 1957. Offert par la communauté juive d’Alep au président Itzhak Ben-Zvi, il rejoignit alors un autre trésor, le fameux Codex d’Alep. Les deux autres volumes restèrent introuvables pendant des décennies, jusqu’à leur apparition récente lors d’une vente aux enchères. Retirés de la vente à la demande de la Bibliothèque, ils ont été acquis pour son compte grâce au soutien de la Fondation Haim et Hanna Solomon et de la famille Zukier.

Le fait que ce mahzor retrouve physiquement sa place à Jérusalem, à la veille de Roch Hachana, a une portée symbolique immense.

La Bibliothèque nationale d’Israël, fondée en 1892, conserve aujourd’hui les plus importantes collections de Judaïca textuelle au monde, ainsi que des manuscrits juifs et islamiques, des livres rares, des archives et des cartes. Fidèle à sa mission, elle entend ouvrir ce patrimoine au plus grand nombre, en Israël comme à l’étranger, à travers programmes éducatifs, expositions et initiatives numériques.

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