Donald Trump a lancé un ultimatum aux dirigeants talibans d'Afghanistan, exigeant la restitution de la base aérienne de Bagram abandonnée par les forces américaines en juillet 2021. "Nous l'avons construite. Si elle ne nous revient pas, de mauvaises choses se produiront", a déclaré le président samedi soir, sans exclure l'envoi de troupes.
La base de Bagram, située à 50 kilomètres de Kaboul, constituait le cœur des opérations américaines pendant les vingt années de guerre en Afghanistan. À son apogée, cette véritable ville militaire abritait des milliers de soldats, des restaurants de chaînes comme Pizza Hut et Burger King, des magasins et même une prison de haute sécurité.
Lors de sa conférence de presse avec le Premier ministre britannique Keir Starmer jeudi, Trump a justifié sa demande par des considérations géostratégiques : "L'une des raisons pour lesquelles nous voulons cette base, c'est qu'elle se trouve à seulement une heure de route du lieu de fabrication des armes nucléaires chinoises."
L'abandon précipité de Bagram en juillet 2021 avait marqué symboliquement la fin de l'engagement militaire américain en Afghanistan. Les talibans avaient rapidement pris possession de l'installation, avec des images du dirigeant Anas Haqqani visitant la base en signe de victoire.
Interrogé vendredi sur sa disposition à envoyer des troupes pour reprendre la base, Trump est resté évasif : "Nous discutons actuellement avec l'Afghanistan et nous voulons la récupérer rapidement et immédiatement. S'ils ne le font pas, vous verrez ce que je ferai." Samedi soir, il a publié sur son réseau Truth Social un message cryptique menaçant que "D-B-R-I-M-R-I-M va se produire" si la base n'était pas restituée.
Cette exigence s'inscrit dans la politique expansionniste affichée par Trump depuis son retour au pouvoir, après ses déclarations sur le canal de Panama et le Groenland. Elle intervient dans un contexte paradoxal : c'est l'administration Trump précédente qui avait négocié avec les talibans l'accord de retrait ayant conduit à l'abandon de l'Afghanistan, même si le président actuel rejette la responsabilité de ce retrait sur son prédécesseur Joe Biden.
Les responsables talibans ont déjà exprimé leur opposition ferme à tout retour militaire américain en Afghanistan. Du côté américain, d'anciens responsables militaires estiment qu'une reconquête de Bagram nécessiterait plus de 10 000 soldats et des systèmes de défense antiaérienne avancés, face aux menaces de l'État islamique, d'Al-Qaïda et potentiellement de missiles iraniens.
Cette demande soulève des questions majeures sur la stratégie américaine au Moyen-Orient et en Asie centrale, alors que les États-Unis cherchent à contenir l'influence chinoise dans la région tout en évitant un nouvel enlisement militaire en Afghanistan.