Le journaliste Omri Maniv a révélé sur la chaine israélienne N12 des documents rédigés par le Mossad et en date du 21 septembre 2023 qui assurait que le Hamas ne cherchait pas d'affrontement armé avec Israël.
Ainsi, deux semaines avant l'attaque barbare du Hamas contre Israël, le Mossad écrit: ''Le Hamas ne veut pas d'affrontement avec Israël. Il pourrait tout au plus se laisser entrainer dans une escalade''. La direction du Hamas n'est pas intéressée par un affrontement militaire à l'heure actuelle, est-il affimé, mais cherche à augmenter les avantages civils conférés à la Bande de Gaza. Autrement dit, le Mossad explique à l'échelon politique, quelques jours avant le lancement de la pire attaque qu'ait connue Israël, que le Hamas n'est motivé que par le bien-être économique de la Bande de Gaza et ne veut pas entrer en conflit.
Le document souligne, par ailleurs, que si des préparatifs militaires sont observés au sein du Hamas c'est uniquement parce que l'organisation craint des éliminations ciblées de la part d'Israël et se prépare à une riposte dans un tel cas.
Le Mossad conclut en assurant que le Hamas cherche avant tout à éviter toute confrontation.
Suite à cette publication, le Mossad s'est défendu : "La répartition des responsabilités entre les organismes de renseignement telle qu'elle a été définie par l'échelon politique depuis 2005 a établi, entre autres, que le Mossad n'a pas de responsabilité pour l'alerte stratégique concernant les mouvements de force dans l'arène palestinienne, et par conséquent le poids du document en question dans la prise de décisions était faible voire négligeable. Il convient de rappeler que, conformément à cette définition, le Mossad ne s'occupait pas opérationnellement de la Bande de Gaza - ni de collecte de renseignements, ni d'activation d'agents, ni de réalisation d'opérations spéciales".
Néanmoins, ce document concernant Gaza fait écho à une recommandation faite par le chef du Mossad Dadi Barnea, quatre mois avant le 7 octobre, selon laquelle il convenait de conférer de plus larges avantages économiques à la Bande de Gaza afin de garantir le calme sur le long terme. Pour Barnea, cela permettrait à Israël de se concentrer sur la menace numéro 1: l'Iran.
Malgré les alertes répétées du Shin Bet depuis 2019 concernant le détournement de millions de dollars par la branche militaire du Hamas, le Mossad continuait de soutenir cet arrangement. Ce n'est qu'en 2021 que les dirigeants du renseignement extérieur israélien changèrent de position, réclamant l'arrêt de l'aide qatarie.
L'enquête interne du Mossad, menée par trois anciens chefs de département, a conclu que les détails précis du plan d'attaque du Hamas n'avaient pas été transmis à l'Iran et au Hezbollah, empêchant toute alerte préventive. L'organisation maintient que les chefs de l'axe chiite furent « profondément surpris » par l'attaque.
Cependant, la multiplication des contacts et réunions de coordination entre les chefs de l'axe iranien avant le 7 octobre, qui sont documentés, soulève des questions sur la capacité du renseignement israélien à anticiper une telle offensive. Comme l'observe Orna Mizrahi, chercheuse à l'Institut d'études de sécurité nationale : « Le Hezbollah et l'Iran savaient, mais ignoraient le timing. Le Mossad détenait de nombreuses informations, mais restait prisonnier de ses conceptions. »