Moyen-Orient

Le Hamas peut-il refuser le plan américain ?

Selon les initiateurs du plan, si Doha et Ankara, parrains politiques du Hamas, s’impliquent dans l'accord– ce qui semble être le cas –, le mouvement islamiste n’aura d’autre choix que d’accepter, au risque de s’aliéner ses propres alliés, en filigrane, la perspective d’une normalisation historique entre Jérusalem et Riyad.

2 minutes
28 septembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Le Hamas peut-il refuser le plan américain ?
Sans crédit

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Pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza, Washington a mis sur la table un plan complet en 21 points dont l'objectif est d'obtenir la libération des otages et mettre fin aux combats. La grande nouveauté : ce projet a été élaboré avec le soutien actif du Qatar et de la Turquie, deux pays considérés comme les parrains politiques du Hamas. Selon les initiateurs du plan, si Doha et Ankara donnent leur feu vert – et apparemment ils l’ont déjà fait –, le Hamas sera contraint d’accepter, au risque sinon de s’aliéner ses propres alliés.

Au-delà de la fin des combats et de la libération des otages, le plan esquisse une vision plus large : un Gaza débarrassé du Hamas, placé sous une administration de transition soutenue par des puissances arabes, avec des garanties sécuritaires pour Israël et un désarmement progressif des groupes armés.

Le texte, marqué par la signature de Jared Kushner, intègre aussi plusieurs pays arabes modérés, dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte. Leur participation n’est pas seulement symbolique : elle ouvre la porte à une reconfiguration stratégique majeure dans la région. La perspective de l'implication saoudienne change la donne diplomatique. Riyad a jusqu’ici conditionné toute normalisation avec Israël à des avancées significatives sur la question palestinienne. Un cessez-le-feu durable à Gaza, accompagné d’un rôle accru de l’Autorité palestinienne, pourrait constituer le levier attendu pour franchir ce cap historique.

Pour Israël, il s’agirait non seulement de tourner la page d’un conflit interminable à Gaza, mais aussi d’ouvrir la voie à un accord stratégique avec la puissance sunnite la plus influente du monde arabe – un objectif que l’administration américaine poursuit depuis des années.

Reste à savoir si les dirigeants israéliens saisiront cette occasion. Certains craignent que les considérations politiques internes – pressions de la coalition, opposition des habitants de Judée-Samarie rivalités partisanes – ne prennent le pas sur l’opportunité stratégique.

Pourtant, selon plusieurs analystes, le plan américain offre à Israël « plus d’éléments favorables que de concessions douloureuses » : la fin du Hamas, la sécurité renforcée, une légitimité régionale accrue, et à terme, une possible normalisation historique avec Riyad.

Un pari risqué, certes. Mais pour beaucoup, il s’agit peut-être de la dernière chance de sortir de l’impasse de Gaza tout en redéfinissant les équilibres du Moyen-Orient.

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