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Pourquoi Donald Trump mise sur Tony Blair pour le jour d'après à Gaza ?

Pour le président américain, l’enjeu est clair : installer un médiateur reconnu, capable de parler à Netanyahu et d’obtenir l’argent du Golfe pour financer la reconstruction

2 minutes
1 octobre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Pourquoi Donald Trump mise sur Tony Blair pour le jour d'après à Gaza ?
Tony Blair à la résidence présidentielle de Jérusalem, crédit : Flash90

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Donald Trump a annonce la mise en place d’une Autorité internationale de transition pour Gaza et choisi d'y impliquerl’ancien Premier ministre britanniqueTony Blair, qui a dirigé le Royaume-Uni de 1997 à 2007. Si l'accord était entériné, il rejoindrait le comité chargé de superviser la gouvernance de l’enclave et d’organiser un transfert progressif de pouvoir à l’Autorité palestinienne. Pour Trump, le choix de Blair n’est pas anodin : il s’agit d’un pari sur l’expérience et sur les réseaux. De 2007 à 2015, Blair a déjà été l’émissaire du Quartet pour le Proche-Orient, mandat qui lui a permis de côtoyer de près les acteurs israéliens et palestiniens. Depuis le début du conflit actuel, son institut élabore des scénarios d’après-guerre, ce qui en fait un interlocuteur familier du dossier. Il peut aussi s’appuyer sur des relais solides : à Jérusalem, l’ancien patron du Mossad Yossi Cohen l’a publiquement encensé, tandis qu’à Washington, Jared Kushner et Steve Witkoff ont soutenu sa nomination.

Ce choix s’explique aussi par le poids de son think tank, le Tony Blair Institute for Global Change, qui dispose de près de 900 experts répartis dans 45 pays et financés en partie par de puissants mécènes comme Larry Ellison, le patron d’Oracle. Cette force de frappe intellectuelle et financière donne à Blair une capacité d’influence rare, mais nourrit aussi des soupçons de proximité avec certains intérêts privés. Ses soutiens ne manquent pas : Israël, les États-Unis et plusieurs monarchies du Golfe voient en lui un médiateur crédible. Mais ses détracteurs rappellent son passé. Son engagement aux côtés de George W. Bush dans la guerre d’Irak en 2003 lui colle toujours à la peau et son action comme envoyé du Quartet n’a laissé que peu de résultats concrets. Côté palestinien, l’Autorité de Mahmoud Abbas a exprimé ses réserves en rappelant que seul un gouvernement palestinien devait administrer Gaza. Le Hamas, de son côté, pourrait accepter un compromis technocratique, mais seulement à condition de ne pas être marginalisé.

Pour Trump, l’enjeu est clair : installer un médiateur reconnu, capable de parler à Netanyahu et d’obtenir l’argent du Golfe pour financer la reconstruction. Blair promet que son mandat sera limité et qu’il visera uniquement à préparer une Autorité palestinienne « réformée et renforcée ». Mais pour beaucoup de Palestiniens, la nomination d’un ancien dirigeant occidental symbolise une nouvelle tutelle étrangère.

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