Vie politique

Tension entre pouvoirs législatif et judiciaire : la Knesset ouvre sa session d'hiver dans le chaos

Le président de la Knesset a délibérément ignoré le titre du président de la Cour suprême

3 minutes
20 octobre 2025

ParJohanna Afriat

Tension entre pouvoirs législatif et judiciaire :  la Knesset ouvre sa session d'hiver dans le chaos
Amir Ohana, Isaac Herzog et Benyamin Netanyahou à la Knesset Photo by Chaim Goldberg/Flash90

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La session d'hiver de la Knesset a débuté lundi dans un climat de forte tension, après qu'Amir Ohana, président de l'assemblée, a désigné Yitzhak Amit simplement comme "juge" plutôt que par son titre officiel de "Président de la Cour suprême". Cette provocation délibérée a déclenché une tempête en séance plénière et entraîné l'expulsion de six députés de l'opposition.

La décision d'Ohana de ne pas reconnaître le titre d'Amit s'inscrit dans une bataille institutionnelle plus large. Le président de la Knesset a profité de son discours d'ouverture pour dénoncer ce qu'il considère comme un "piétinement de la Knesset par le système judiciaire", accusant la Cour suprême de s'arroger des pouvoirs qu'elle n'a jamais reçus par la loi.

"Le système judiciaire opère sans contre-pouvoirs, hormis ceux qu'il s'impose lui-même", a déclaré Ohana, dénonçant notamment l'abrogation récente d'une Loi fondamentale par la Cour suprême "en temps de guerre".

Herzog dénonce une "atteinte à la dignité"

Le président Isaac Herzog a pris la parole pour contredire frontalement Ohana, insistant ostensiblement sur le fait qu'Amit était bien "le président de la Cour suprême". Exprimant son indignation, Herzog a condamné l'incident comme une "impolitesse" et une "atteinte à la dignité humaine et aux autres autorités".

"Mon cœur saigne, car il y a une différence entre un débat de principe légitime et l'impolitesse", a lancé Herzog. "Au lieu de traiter des questions importantes, nous nous demandons si le président de la Cour suprême sera invité ou non. Je refuse d'accepter cela."

Le président a appelé à l'unité en cette période de guerre, reprochant aux responsables politiques de "se quereller entre eux pendant que nos combattants sont à Gaza".

Netanyahu tente l'apaisement... tout en affirmant son autorité

Après cette ouverture tumultueuse, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a adopté une posture d'équilibre. "Je dis qu'Yitzhak Amit est le président de la Cour suprême. C'est un fait", a-t-il déclaré, semblant prendre ses distances avec Ohana.

Mais Netanyahou a immédiatement ajouté : "Mais j'ajoute : je suis le Premier ministre d'Israël, et voici les ministres du gouvernement israélien. C'est un fait." Une formulation qui, tout en reconnaissant le titre d'Amit, réaffirme la légitimité et l'autorité des institutions élues face au pouvoir judiciaire.

Le Premier ministre a ensuite poursuivi son discours en se concentrant sur la guerre, évoquant les familles endeuillées et les otages, tout en défendant sa stratégie militaire face aux critiques de l'opposition. "Si j'avais cédé à vos diktats pour arrêter la guerre, Sinwar et Nasrallah seraient restés en vie", a-t-il lancé.

Une crise institutionnelle qui perdure

Cet incident s'inscrit dans une escalade des tensions entre l'exécutif et le judiciaire israélien. Pour rappel, le président de la Cour suprême n'a pas reçu d'invitation individuelle à la cérémonie, rompant ainsi avec la tradition établie.

En conséquence, l'opposition, menée par Yair Lapid, avait envisagé de boycotter la séance. Ce dernier a dénoncé une tentative de "ramener le pays à la division et à une fracture destructrice, aux jours qui ont précédé le désastre du 7 octobre".

Six députés d'opposition — Gilad Kariv, Naor Shiri, Yohai Lahav Herzanu, Ram Ben-Barak, Meirav Cohen et Yoav Segalovich — ont été expulsés de la séance après avoir protesté contre le comportement d'Amir Ohana. Kariv lui avait notamment crié : "Vous déshonorez cette assemblée."

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