CyberWell, organisation dédiée au suivi de l'antisémitisme numérique, lance un cri d'alarme après avoir détecté une vague massive de publications détournant la terminologie de la Shoah. Depuis l'instauration du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, des milliers d'internautes s'autoproclament "survivants de l'Holocauste de Gaza" dans des contenus largement diffusés sur les plateformes sociales.
Les statistiques révèlent l'ampleur du phénomène. La formule "survivant de l'Holocauste à Gaza" a généré 3 200 messages sur X durant les cinq premiers jours suivant le 10 octobre, cumulant 25 000 réactions et atteignant près de 893 000 comptes. Une autre variante, "Je suis un survivant d'un véritable Holocauste", comptabilise 523 occurrences en trois jours seulement, pour 6 700 engagements et 184 700 utilisateurs exposés.
Plus largement, l'expression "Je suis un survivant de l'Holocauste" a explosé avec 20 200 messages en cinq jours, 93 300 interactions et une audience potentielle de 17,1 millions de personnes. La progression est spectaculaire : de 2 854 publications quotidiennes en moyenne avant la trêve, le rythme est monté à 4 040 par jour, marquant un bond de 42%.
Cette tendance s'inscrit dans une dynamique plus ancienne. Dès les lendemains du 7 octobre et du massacre perpétré par le Hamas, les comparaisons entre les actions israéliennes à Gaza et les crimes nazis se sont multipliées sur les réseaux, devenant l'un des tropes antisémites dominants de ces derniers mois.
Les données le confirment : sur les six mois précédents, l'expression "Holocauste à Gaza" a été utilisée dans plus d'un demi-million de publications sur X, provoquant 2,6 millions d'interactions et touchant potentiellement 552 millions d'utilisateurs à l'échelle mondiale.
Le cessez-le-feu a marqué un tournant qualitatif. Au-delà des simples messages textuels, des résidents de Gaza et sympathisants palestiniens produisent maintenant des autoportraits et clips vidéo dans lesquels ils revendiquent explicitement le statut de "rescapés de l'Holocauste gazaoui". Cette personnalisation visuelle amplifie la portée émotionnelle du message.
Tal-Or Cohen Montemayor, qui dirige CyberWell, condamne fermement cette évolution : "Il s'agit d'une manipulation éhontée de la mémoire d'une des pires tragédies humaines, utilisée pour inverser les rôles et transformer Israël en bourreau nazi. C'est simultanément de l'antisémitisme et une tentative systématique de déshumaniser les Israéliens et les Juifs en ligne."