Sécurité

Dans l’enfer du 7 octobre : le témoignage bouleversant du « commando Ahslap »

Deux ans après l’attaque du Hamas, les soldats du commando « Ahslap » de la 401e brigade racontent pour la première fois leur combat, leur douleur et leur fraternité forgée dans le feu.

3 minutes
24 octobre 2025

ParDelphine Miller

Dans l’enfer du 7 octobre : le témoignage bouleversant du « commando Ahslap »
Site officiel de Tsahal

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Le 7 octobre 2023 au matin, la patrouille de reconnaissance de la brigade blindée 401 – surnommée « Ahslap » – est appelée en urgence. Réunis de tout le pays, les réservistes montent dans quatre véhicules Hummer et foncent vers le sud, ignorant encore qu’ils vont affronter l’une des journées les plus terribles de l’histoire d’Israël.

« À 7h30, on nous a ordonné de rejoindre le kibboutz Gvulot. Le chef de la sécurité locale nous a dit que nous étions les premiers soldats à arriver », raconte le lieutenant-colonel (réserviste) Sh., alors commandant adjoint de la brigade. « Nous avons aidé la force d’alerte du kibboutz, puis continué sur la route 232 pour chercher des terroristes et secourir les blessés. »

Les images d’horreur se gravent à jamais dans leurs mémoires. « On s’est arrêtés près de voitures criblées de balles, avec des corps autour. En même temps, on recevait les noms de nos camarades tombés, comme le colonel Yehonatan Steinberg, commandant du Nahal, et le colonel Ro’i Levy », se souvient Sh. La guerre venait à peine de commencer.

À Sderot, le sergent-major (réserviste) M. comprend que quelque chose d’inédit se déroule. « Quand le char du commandant de brigade a ouvert le feu sur le poste de police de la ville, c’était surréaliste. Tu tires sur un bâtiment de la police israélienne, entre des immeubles d’habitation, pendant que des civils te regardent avec effroi. »

Après les premières heures d’affrontements, les soldats d’Ahslap organisent les zones de rassemblement de la brigade 401. « Les champs n’étaient pas encore sécurisés. On a dû dégager les routes, croisant des ouvriers agricoles massacrés. » Puis, la guerre s’installe dans la durée.

Depuis, ces hommes opèrent sans relâche. Leur devise, qui donne leur nom au commando, dit tout de leur esprit : « Ahslap », pour « Ahi, sagor li pina » – « Mon frère, ferme-moi l’angle ». « Où qu’il faille aller, on y va. Pas de ‘non’ dans notre vocabulaire », sourit Sh.

Ce « bordel organisé », comme ils l’appellent, les a conduits à participer à toutes les opérations clés du front sud : escorter des missions de libération d’otages, neutraliser des infrastructures terroristes, allumer les bougies de Hanoucca sur la place de Gaza rebaptisée « Place de la Palestine ».

Mais le prix payé a été lourd. Leur commandant bien-aimé, le sergent-major (réserviste) Sébastien « Sabi » Ion, est tombé lors d’une opération à l’hôpital Shifa. « Il s’est interposé pour empêcher des terroristes de s’échapper et a été tué dans l’échange de tirs », raconte Sh., la voix brisée. « Depuis, plus rien n’est pareil. »

Deux ans plus tard, assis sur le même Hummer qui les accompagne depuis ce jour, les soldats d’Ahslap regardent en arrière. « Nous avons réussi à ramener tous les otages vivants à la maison, mais tant que les corps de nos frères ne seront pas revenus, nous ne quitterons pas nos véhicules », conclut Sh.
Des mots qui résument à eux seuls la fidélité, la douleur et la détermination de ces hommes qui continuent, sans relâche, à couvrir leurs frères d’armes, là où le danger persiste.

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