L’annonce de la visite du président syrien Ahmad al-Sharaa en Arabie saoudite, pour rencontrer le prince héritier Mohammed ben Salmane et intervenir à la conférence “Future Investment Initiative”, dépasse la simple dimension protocolaire : elle traduit un profond réalignement régional.
Depuis sa montée en puissance, Al-Sharaa – successeur du régime affaibli de Bachar el-Assad – cherche à rétablir la légitimité internationale de la Syrie et à la repositionner comme acteur incontournable du Moyen-Orient.
Son déplacement à Riyad, au cœur du Kingdom of Saudi Arabia, signale que la Syrie post-guerre tente désormais de réintégrer le cercle arabe, après des années d’isolement diplomatique.
Pour Riyad, cette visite s’inscrit dans une stratégie d’ouverture prudente, visant à stabiliser la région dans la perspective d’une normalisation progressive avec plusieurs acteurs, dont Israël.
Le prince héritier MBS voit dans ce rapprochement une opportunité d’influencer le futur équilibre syrien et de freiner l’emprise iranienne sur Damas, tout en explorant des coopérations économiques et sécuritaires dans le cadre de sa vision Saudi Vision 2030.
Enfin, le choix de la conférence “Future Investment Initiative” n’est pas anodin : cette grand-messe de la finance et de la technologie, présentée comme le “Davos du désert”, offre à Al-Sharaa une tribune pour afficher la volonté syrienne de reconstruction et d’ouverture économique, dans une région en pleine redéfinition des alliances.
En somme, cette visite est autant un geste politique qu’un signal stratégique : celui du retour progressif de la Syrie dans le jeu arabe, sous l’œil attentif de Riyad, d'Israël et des grandes puissances régionales.