À Ramallah, le président palestinien Mahmoud Abbas semble organiser les derniers chapitres de son long règne. Selon plusieurs sources palestiniennes relayées par l’agence officielle WAFA, il aurait signé un décret constitutionnel désignant son successeur en cas de vacance du pouvoir. Ce texte, encore non publié officiellement, prévoit qu’en cas de décès, d’incapacité ou de tout empêchement, Hussein al-Sheikh, actuel vice-président de l’OLP, prendrait la tête de l’Autorité palestinienne pour une période intérimaire de 60 jours, le temps d’organiser des élections.
Cette décision intervient à quelques semaines du 90ᵉ anniversaire d’Abbas, qui dirige sans interruption depuis près de vingt ans. En avril 2025 déjà, la création d’un poste de vice-président au sein de l’OLP avait fait grand bruit : plusieurs figures du Fatah y avaient vu une manœuvre destinée à verrouiller la succession. Mais pour le vieux leader, il s’agit avant tout d’assurer la continuité du pouvoir et d’éviter une crise institutionnelle à sa disparition.
En octobre, Mahmoud Abbas a également confirmé son intention d’organiser des élections « dans l’année qui suivra la fin de la guerre », tout en lançant la rédaction d’une constitution intérimaire pour l’État de Palestine. Autant d’initiatives qui témoignent de sa volonté de laisser un cadre politique défini à ses successeurs.
Qui est Hussein al-Sheikh, l’héritier désigné ?
Né en 1960 à Ramallah, Hussein al-Sheikh est un vétéran du Fatah et un proche collaborateur de Mahmoud Abbas. Ancien prisonnier politique, il a passé plus de dix ans dans les prisons israéliennes avant de rejoindre les rangs du mouvement palestinien. En 2007, il prend la tête de l’Autorité palestinienne des affaires civiles, où il supervise la coordination avec Israël — un poste clé dans la gestion quotidienne de la Judée Samarie.
Sa carrière connaît alors une ascension rapide : nommé en 2022 secrétaire général du Comité exécutif de l’OLP, il accède en 2025 à la vice-présidence de l’Autorité palestinienne (AP). Figure réputée pour son pragmatisme et sa modération, il est considéré comme un interlocuteur de confiance, aussi bien pour Israël que pour les chancelleries occidentales.
Mais ce profil suscite aussi la méfiance d’une partie de la population palestinienne et de certains cadres du Fatah, qui l’accusent d’être trop conciliant envers Israël. Plusieurs observateurs estiment qu’il souffre d’un manque de légitimité populaire, et qu’une éventuelle prise de pouvoir pourrait rallumer les tensions internes au sein du camp palestinien.