Libéré il y a deux semaines après plus de deux ans aux mains du Hamas, Yossef Haim Ohana s'est confié pour la première fois dans un entretien exclusif accordé à la chaîne israélienne N12. Le jeune homme, enlevé lors de l'attaque du festival Nova, a raconté les violences subies, les menaces de mort et les stratégies qu'il a dû déployer pour rester en vie. L'interview complète sera diffusée mardi dans l'édition principale.
Dès les premiers jours de sa captivité, Yossef Haim Ohana a frôlé la mort. « Au début, j'étais là, quand soudain, un homme en colère est entré dans la pièce, a sorti une arme et l'a pointée sur ma tempe », se souvient-il. « Il m'a demandé : "Dis-moi combien de personnes tu as tuées, que je te tue." Je lui ai répondu : "Zéro, zéro." Puis il a dit : "Tu me mens en plus" et s'est approché pour me tirer dessus. Heureusement, un autre homme est arrivé, a repoussé sa main et lui a dit : "Pas maintenant." » L'ex-otage a qualifié ce moment de "terreur spontanée".
Mais il y avait aussi des moments de terreur planifiée. « Ils voulaient vraiment nous angoisser. Un jour ils nous ont fait asseoir et nous ont dit : "Votre pays a fait ceci et cela, maintenant nous nous vengeons." Ils nous ont laissé choisir entre nous – qui tuer, qui blesser. Ils ont même tiré au sort pour nous. »
Détenu dans l'obscurité des tunnels de Gaza, Yossef Haim décrit un environnement oppressant : « D'un côté, il y a un couloir sombre, de l'autre, encore un couloir sombre. Nous avons une lampe LED. Au début, quand quelqu'un arrivait avec une lampe, on l'attendait parfois, en espérant qu'il nous apportait quelques chose à manger. »
Rapidement, cette lumière est devenue synonyme de danger. « Ils arrivaient comme ça et nous frappaient. Une fois ils nous ont plaqués contre le mur, nous ont enlevé nos chemises et nous ont battus. »
Depuis, les otages ont baptisé ce moment « l'arrivée des phares ». « À chaque fois qu'on voyait des phares, c'était la panique. Personne ne savait quoi faire : "Je reste debout ?", "Je m'assois ?", "Qui sera attrapé en premier ?" On voulait courir le plus loin possible. »
Face aux menaces répétées, Yossef Haim a dû faire preuve de sang-froid et de stratégie. « À ce moment-là, je les connaissais déjà et je savais ce qui comptait pour eux, pourquoi ils m'avaient kidnappé. Le fait que j'aie été enlevé faisait de moi un atout majeur. Je lui ai dit : "Quoi, maintenant tu te venges de moi pour satisfaire tes concitoyens, mais qu'en est-il des prisonniers qui attendent d'être libérés en échange de moi, pour pouvoir sortir et voir leur famille ? Si je meurs, moins de prisonniers seront libérés." »
Lorsqu'on lui demande comment il a formulé ces arguments en arabe, il répond sobrement : « J'essaie d'oublier l'arabe. Je ne veux parler qu'hébreu. »
Pendant de longs mois, Yossef Haim a été détenu dans un tunnel avec Ohad Ben Ami, Segev Kalfon, Maxim Herkin, Elkana Bohbot et Bar Kuperstein. Il a confié à sa famille avoir subi de graves tortures, une famine délibérée et des violences physiques et psychologiques.
Pour tenter de se protéger, il a menti aux terroristes qui l'interrogeaient, dissimulant son statut de commandant à la brigade Givati et minimisant l'importance de son service militaire.