Israël s'efforce de resserrer l’étau autour de la polygamie dans le secteur bédouin du Néguev. Depuis la création en 2024 d’un département spécialisé au sein du district de police du Sud, les autorités ont ouvert près de 250 dossiers pour polygamie. Pour l’année 2025, 110 affaires sont en cours et 20 actes d’accusation ont déjà été déposés.
La lutte contre cette pratique, pourtant illégale depuis la fondation de l’État, n’a réellement débuté qu’en 2017. À l’époque, la Commission Palmor avait alerté sur ses conséquences sociales : violences domestiques, mariages précoces, négligence des enfants, pauvreté et marginalisation des femmes. Le rapport soulignait également le rôle de la polygamie dans l’aggravation des rivalités familiales et des conflits internes.
Après un effort initial soutenu, la répression s’était toutefois essoufflée. La relance de la campagne en 2024 marque un tournant. Les commissariats de Rahat et Dimona traitent désormais ces affaires en priorité, en s’appuyant sur les plaintes locales et les signalements des tribunaux de la charia.
Les procureurs visent désormais non seulement les hommes impliqués, mais aussi les organisateurs de cérémonies religieuses, les avocats rédigeant les accords, et certaines figures publiques. L’un des cas les plus emblématiques concerne un chef d’autorité locale soupçonné d’avoir pris une troisième épouse.
Les dossiers déposés ces derniers mois témoignent de la gravité du phénomène. Dans l’un d’eux, un homme de 37 ans, marié et père de huit enfants, a été inculpé pour avoir épousé une adolescente de 15 ans qu’il aurait agressée sexuellement. Dans un autre, un habitant d’Aror de 38 ans a épousé une Palestinienne de 17 ans, en plus de son épouse âgée de 18 ans, lors d’une cérémonie célébrée à Yatta, en Judée-Samarie.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a salué l’action des forces de l’ordre. « Après des décennies d’indifférence, nous changeons la donne. Depuis la création de la division de la polygamie, plus de 140 enquêtes ont été ouvertes. C’est un combat difficile, mais juste et nécessaire pour faire respecter la loi, protéger les femmes et assurer l’avenir de la société israélienne », a-t-il déclaré