Une guerre éclair aux conséquences durables
La guerre de juin 2025, déclenchée par l’opération israélienne “Eveil du Lion”, a marqué un tournant. En quelques jours, Israël a frappé les infrastructures nucléaires de Natanz et Fordow, détruit des centres de commandement et neutralisé la quasi-totalité des missiles iraniens.
Le Begin-Sadat Center for Strategic Studies (BESA) parle d’« une nouvelle ouverture stratégique pour Israël », soulignant « la supériorité technologique et la coordination inédite entre Jérusalem et Washington ».
Pour Téhéran, cette guerre fut un désastre : plus de trente commandants des Gardiens de la Révolution tués, des milliards de dollars d’équipements détruits, et une humiliation nationale impossible à dissimuler.
Depuis, le pouvoir iranien vacille. Le guide suprême Ali Khamenei a disparu des médias pendant le conflit, nourrissant les rumeurs de crise interne. Le mythe d’un régime fort et uni s’est effondré.
Une répression sans précédent
Face à la perte de légitimité, le régime a choisi la répression.
La Mission internationale indépendante de l’ONU sur l’Iran a documenté plus de 21 000 arrestations depuis le mois de juin : avocats, journalistes, militants des droits humains, mais aussi simples internautes accusés d’avoir “sapé la sécurité nationale”.
Sa présidente, Sara Hossain, dénonce « un climat de terreur et une érosion totale du droit à la vie ».
Selon la mission, plus de 1 200 exécutions ont été recensées depuis le début de l’année — un record depuis 2015 — tandis que les autorités désactivent les cartes SIM de journalistes pour les réduire au silence.
Dans les rues de Téhéran, la peur domine. Les familles de prisonniers politiques n’ont souvent aucune nouvelle de leurs proches. Une mère kurde confiait récemment à une ONG : « Nous ne savons pas s’ils sont encore en vie. »
Le peuple iranien pris au piège
L’économie iranienne s’effondre : inflation de 70 %, pénuries de médicaments, chômage massif.
Les Gardiens de la Révolution, affaiblis militairement, ont renforcé leur emprise sur l’économie et les provinces. Les salaires ne sont plus versés depuis des mois dans certaines régions.
Mais malgré la peur, la société résiste. Des étudiants continuent d’organiser des sit-in clandestins, des enseignants grévistes réclament le paiement de leurs salaires, et des artistes publient anonymement des poèmes contre la guerre et la répression.
Le régime, lui, tente de sauver la face en jouant la carte nationaliste.
Selon le rapport du BESA, la République islamique cherche désormais à « substituer au discours révolutionnaire un récit patriotique », mobilisant des symboles pré-islamiques comme Arash Kamangir, héros mythique devenu figure de propagande.
Mais la fracture entre propagande et réalité s’élargit : « Les Iraniens ont compris que le vrai ennemi, ce n’est plus Israël, mais leur propre régime », analyse un chercheur iranien cité dans le rapport.
Une région en recomposition
Tandis que Téhéran s’enfonce dans la crise, le Moyen-Orient change de visage.
Les milices pro-iraniennes du Liban, d’Irak et du Yémen peinent à se financer.
Selon le BESA, “l’Iran a perdu son pouvoir d’intimidation, tandis qu’Israël s’impose comme la pierre angulaire du nouvel ordre régional”.
Les États arabes, jadis prudents, multiplient les signaux de rapprochement sécuritaire avec Jérusalem, convaincus que la dissuasion israélienne est désormais la clé de la stabilité.
Quel avenir pour l’Iran ?
Le BESA esquisse trois scénarios : un durcissement autoritaire, une lente transition vers un nationalisme pragmatique, ou un effondrement soudain si la contestation rejoint les fractures internes.
Pour l’ONU, l’urgence est ailleurs : « garantir la survie physique de dizaines de milliers de prisonniers et de civils privés de droits fondamentaux ».
Dans les rues de Chiraz ou d’Ispahan, les Iraniens oscillent entre résignation et colère.
“Nous avons survécu à la guerre, mais pas à la paix”, confie une infirmière à un média en exil.
La République islamique paraît plus vulnérable que jamais. Et paradoxalement, c’est la victoire israélienne qui, sans le vouloir, aura peut-être déclenché le début de sa fin.