Le prince héritier doit se rendre à Washington la semaine prochaine pour sa première visite officielle aux États-Unis depuis l’assassinat de Jamal Khashoggi en 2018 – meurtre que les services de renseignement américains estiment avoir été approuvé par Mohammed ben Salmane. À cette occasion, la Maison Blanche espère obtenir des signaux concrets vers un rapprochement entre Riyad et Jérusalem, malgré les « écarts encore importants » admis par l’entourage de Trump.
La discussion entre Trump et MBS, restée secrète jusqu’ici, s’est tenue après le sommet sur Gaza organisé à Charm el-Cheikh le mois dernier. D’après un responsable américain directement informé, Trump y a affirmé avoir permis la fin de la guerre à Gaza et demandé au prince héritier de franchir la prochaine étape : avancer vers la normalisation. MBS aurait répondu qu’il était disposé à travailler sur cette perspective avec l’administration américaine. L’ambassade saoudienne à Washington n’a pas commenté.
Selon des responsables américains, plusieurs exigences saoudiennes préalables ont déjà été satisfaites : les États-Unis s’engagent à un accord de sécurité avec Riyad, incluant des garanties américaines — sans aller jusqu’à une alliance formelle mais en s’en rapprochant — ; la mise en œuvre de la « Téhéran Gaza Plan » de Trump progresse, ce qui, selon Washington, répond en partie à la demande saoudienne d’une voie crédible vers un État palestinien.
Le plan Trump prévoit que, durant la reconstruction de Gaza, et si l’Autorité palestinienne mène les réformes requises, les conditions pourraient « à terme » permettre l’établissement d’un État palestinien. Toutefois, d’anciens responsables américains et des sources arabes en doutent.
Selon un ancien haut responsable américain proche de la direction saoudienne, Mohammed ben Salmane a besoin d’engagements bien plus forts de la part d’Israël elle-même pour pouvoir vendre un accord de normalisation à un public saoudien devenu plus hostile à Israël depuis la guerre de Gaza : « Notre message aux Saoudiens est simple : nous avons répondu à toutes vos demandes. Maintenant, il y a des choses que le président Trump attend, comme la normalisation avec Israël. Comment comptez-vous avancer ? »
À Washington, on ne sait pas encore si la visite de MBS débouchera sur une percée diplomatique. Mais la volonté américaine est claire : faire bouger les lignes. « Nous voulons que ces discussions progressent », confie un responsable.
Du côté de Jérusalem, c’est l’ex-ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer qui continuera de gérer le dossier de la normalisation avec l’Arabie saoudite. Bien qu’il ait démissionné du gouvernement, Dermer reste le représentant spécial du Premier ministre. Lors de sa dernière visite à Washington, il a assuré au vice-président Vance et au secrétaire d’État Rubio qu’il poursuivrait les négociations sur l’accord de sécurité régional — incluant la Syrie — et sur les efforts visant à rapprocher Israël et Riyad.