Moyen-Orient

Syrie : polémique autour d’un événement en hommage au 7 octobre annulé après l’ultimatum d’un chercheur israélien

Le ministère syrien de la Culture s’apprêtait à organiser un spectacle baptisé « Déluge d’al-Aqsa » — le nom donné par le Hamas au massacre du 7 octobre — mais un message cinglant du chercheur israélien d’origine libanaise Eddy Cohen a tout fait capoter.

3 minutes
16 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Syrie : polémique autour d’un événement en hommage au 7 octobre annulé après l’ultimatum d’un chercheur israélien
L’invitation du ministère de la culture à l’événement d’Alep marquant le massacre du 7 octobre

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Un événement "culturel" prévu à Alep a déclenché, en quelques heures, une tempête politique entre propagande, pression publique et rétropédalage embarrassé. L’invitation, diffusée sur les réseaux sociaux, arborait le logo officiel du ministère syrien de la Culture : cérémonie sponsorisée par l’État, participation d’une « troupe palestinienne », date fixée au vendredi et message limpide — en Syrie, certains entendaient célébrer l’attaque du 7 octobre et adopter ouvertement le narratif du Hamas.

Jeudi soir, le chercheur israélien Eddy Cohen publie alors sur son compte X -943 000 abonnés- un ultimatum frontal au président syrien Ahmad Hussein al-Sharaa et à son gouvernement : « Vous avez jusqu’à demain midi pour annuler cet événement et présenter des excuses immédiates aux victimes israéliennes et palestiniennes. Nous exigeons le limogeage du ministre de la Culture, votre terroriste issu des Frères musulmans, Mohammad Yassin Saleh. »

Dans un second message, plus mordant encore, il avait ajouté :« La Syrie est une terre de civilisation, pas un terreau pour des terroristes minables. Annulez, excusez-vous et renvoyez cet idiot. »

Quelques heures plus tard : volte-face totale. Les organisateurs annoncent sur Facebook que l’événement est « reporté jusqu’à nouvel ordre » en raison… « des contraintes de travail du Théâtre national d’Alep ». Une justification diplomatique qui ne trompe personne, d’autant que l’annonce survient à peine quelques heures après la diffusion de l’affiche officielle. Face au tollé, les services culturels d’Alep jouent la carte de la dénégation : l’affiche, assurent-ils, aurait été « publiée sans les autorisations nécessaires » et retirée « moins de deux heures après ». Le report serait uniquement « administratif » et nullement lié à une quelconque pression ou menace.

Eddy Cohen balaie ces explications : « Une génération de Syriens se radicalise tranquillement. Dans les mosquées, on parle de djihad contre les Juifs ; dans les écoles, on enseigne la haine d’Israël. Le régime exploite ce discours pour collecter des dons et se faire applaudir. »

Selon lui, si Damas a reculé, c’est précisément en raison de l’exposition qu’il a donnée à l’événement : « Le ministre voulait célébrer le massacre du 7 octobre. Le fait que j’aie révélé cette initiative à mon million d’abonnés, juste après la visite du président syrien à la Maison-Blanche et la levée des sanctions personnelles, a mis le régime dans l’embarras et provoqué l’annulation. »

Au-delà de l’épisode anecdotique, la polémique met en lumière une dynamique plus profonde en Syrie : entre instrumentalisation du conflit israélo-palestinien, montée de discours religieux radicaux et volonté de gagner l’opinion publique arabe, le régime marche sur une ligne étroite — et parfois glissante.

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