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Allemagne : une vente aux enchères d’objets liés à la Shoah annulée après la polémique

plus de 600 pièces historiques liées à la Shoah, notamment des lettres écrites par des déportés à leurs familles depuis les camps de concentration, devaient être mises en vente

2 minutes
17 novembre 2025

ParJohanna Afriat

Allemagne : une vente aux enchères d’objets liés à la Shoah annulée  après la polémique
Illustration iStock

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Une vente aux enchères d’objets issus de la période nazie, programmée ce lundi en Allemagne, a été annulée in extremis après avoir provoqué une vive réaction diplomatique. La maison Auktionhaus Felzmann prévoyait de mettre en vente plus de 600 pièces historiques liées à la Shoah, notamment des lettres écrites par des déportés à leurs familles depuis les camps de concentration — parfois rédigées juste avant leur exécution, rapporte le New York Post.

Présentée sous le titre « Le système de la terreur », la vente devait également inclure des archives de la Gestapo et des documents personnels mentionnant les noms complets de victimes juives. La perspective de voir ces témoignages intimes transformés en objets de collection a suscité une profonde indignation, en particulier en Pologne, pays où furent installés plusieurs centres d’extermination nazis.

Le vice-Premier ministre polonais, Radoslaw Sikorski, a aussitôt réagi. Il affirme avoir obtenu l’annulation de ce qu’il qualifie de « vente offensante » à la suite d’un échange tendu avec son homologue allemand des Affaires étrangères. Selon lui, Berlin a admis qu’« un tel scandale ne pouvait pas être toléré ».

La condamnation est également venue du monde mémoriel. Christoph Hübner, vice-président de la Commission internationale d’Auschwitz, a fustigé l’initiative, jugeant qu’elle relevait du « cynisme le plus total ». « Les souffrances des victimes ne doivent pas se retrouver sur un marché aux enchères », a-t-il insisté, appelant à restituer les documents aux familles ou à les placer dans des musées. Dans la foulée, Auktionhaus Felzmann a fermé son site et retiré toute mention de la vente.

Ce n’est pas la première fois qu’une telle controverse surgit en Europe. En 2019, une maison de ventes munichoise avait persisté à vendre des objets ayant appartenu à Adolf Hitler, en dépit des protestations internationales. Deux ans plus tard, à Jérusalem, des tampons utilisés pour tatouer les numéros des prisonniers d’Auschwitz avaient été proposés aux enchères avant qu’une décision de justice ne mette un terme à l’opération. Yad Vashem avait alors dénoncé une démarche « moralement intolérable ».

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