Sécurité

Tsahal annonce une réduction significative de la contrebande par drones à la frontière égyptienne

L'armée a réussi à réduire le phénomène de 50% ces deux dernières semaines

3 minutes
17 novembre 2025

ParJohanna Afriat

Tsahal annonce une réduction significative de la contrebande par drones à la frontière égyptienne
Contrebande d'armes par drone déjouée par Tsahal Photo : Tsahal

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Face à la multiplication des drones de contrebande venus d'Égypte, Tsahal a réussi à réduire le phénomène de 50% ces deux dernières semaines. Le trafic est passé de quatre ou cinq passages réussis par jour à seulement un, selon les données du Commandement Sud. Mais cette victoire tactique s'accompagne d'une dissonance avec les déclarations du ministre de la Défense.

Il y a dix jours, Israel Katz annonçait avoir ordonné à Tsahal de déclarer une zone militaire fermée le long de la frontière égyptienne. Dans les faits, cette mesure n'a pas été appliquée et ne devrait pas l'être prochainement. L'armée explique qu'il s'agit d'un outil déjà utilisé de manière ciblée par les généraux du Commandement Sud lors d'alertes spécifiques, mais que l'approche privilégiée reste la libre circulation le long de la frontière.

De même, le ministre a ordonné que la contrebande soit qualifiée de "menace terroriste". Pourtant, les règles d'engagement diffèrent radicalement : alors qu'un commando terroriste peut être éliminé à vue, les contrebandiers, même armés, ne peuvent être visés qu'après application d'une procédure d'arrestation stricte.

Des drones géants chargés d'armes

Le phénomène a éclaté au grand jour il y a un mois, lorsque des habitants du Néguev ont filmé des drones géants, certains ressemblant à des hélicoptères, survolant leurs localités chargés d'armes ou de drogue. Ces appareils, capables de transporter jusqu'à 80 kg ont profité de la concentration des efforts israéliens sur Gaza et le Liban ces deux dernières années pour introduire des milliers d'armes dans le pays.

Les armes proviennent de pays d'Afrique du Nord et du bassin méditerranéen : copies chinoises de mitrailleuses MG, fusils M16 et M4, des milliers de pistolets et de munitions. Elles ont atteint des criminels en Israël, mais aussi en Judée-Samarie, faisant craindre qu'elles ne tombent entre les mains de terroristes.

Un business juteux et peu risqué

La rentabilité explique l'ampleur du phénomène : un drone de grande taille coûte environ 150 000 shekels, tandis qu'une opération de contrebande réussie rapporte environ un million de shekels. Les trafiquants opèrent de 2 à 9 km de la clôture, de part et d'autre, sans jamais s'en approcher. Leur confiance est telle qu'au retour des drones vers l'Égypte, ils ajoutent des boissons énergisantes, du labaneh et du pain pita pour leurs complices.

Les drones ont rendu obsolètes les méthodes terrestres coûteuses : 4x4 tout-terrain, radios cryptées, échelles, découpe de clôtures. Tsahal souligne qu'entre 100 et 300 Israéliens sont impliqués dans ce trafic, achetant légalement des drones agricoles et les modifiant légèrement. Ironiquement, tous les drones proviennent d'Israël, leur achat et pilotage étant interdits en Égypte.

Une réponse technique efficace

Le succès récent de Tsahal repose sur la coopération avec l'armée de l'air et le déploiement de capteurs permettant d'identifier et d'intercepter les appareils, principalement par guerre électronique. Le mois dernier, 130 drones ont été interceptés et 84 armes saisies le long des 200 km de frontière. Un système d'interception laser sera bientôt déployé.

Toutefois, malgré une coordination étroite, l'armée égyptienne ne parvient généralement pas à déjouer ces opérations sur son territoire. La frontière reste considérée comme une frontière d'accords de paix, avec des règles d'engagement spécifiques : contrairement aux drones venant du Liban ou de Gaza qui peuvent être interceptés par des hélicoptères d'attaque ou des chasseurs, ceux du Sinaï font l'objet d'un traitement différencié.

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