Sur fond d’expansion de l’influence turque en Syrie, Netanyahou a mené une visite opérationnelle sur plusieurs points du dispositif israélien au-delà de la frontière. L’évaluation de situation effectuée sur place a mis en lumière l’importance stratégique de ces positions, tenues par Tsahal depuis la déroute du régime d’Assad en décembre 2024. Les discussions ont eu lieu alors que se poursuivent les négociations d’un accord sécuritaire entre Israël et Damas. La principale exigence du régime syrien reste la même : le retrait israélien des points de contrôle situés en territoire syrien — condition sine qua non, selon Damas, pour sceller un accord.
Netanyahou était entouré du ministre de la Défense Israël Katz, du ministre des Affaires étrangères Gideon Saar, du chef d’état-major Eyal Zamir, du directeur du Shin Bet David Zini, du chef adjoint du Conseil de sécurité nationale, de l’ambassadeur d’Israël à Washington Yehiel Leiter, du commandant du Commandement Nord, le général Rafi Milo, ainsi que du coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires et du commandant de la division 210, le général Yair Palai.
Le Premier ministre a commencé sa tournée par une observation opérationnelle depuis un poste de Tsahal avant de mener un briefing sécuritaire. Il a ensuite rencontré des soldats et réservistes, qu’il a félicités pour leur action sur le front nord et pour leur rôle dans la guerre en cours.
Lors de la visite, Netanyahou a réaffirmé la détermination d’Israël : « Nous attachons une importance immense à notre capacité défensive et offensive ici. Il s’agit aussi de protéger nos alliés druzes et, avant tout, de garantir la sécurité d’Israël et de sa frontière nord face au Golan. La situation peut évoluer à tout moment, mais nous avons pleine confiance en vous. Je veux vous exprimer la gratitude non seulement du gouvernement, mais aussi de tous les citoyens d’Israël. »
Plus tôt dans la journée, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan avait mis en garde contre une “agression israélienne” en Syrie, assurant qu’Ankara ne permettrait pas qu’une menace pour sa sécurité nationale surgisse depuis le sud. Devant le Parlement turc, il a accusé les opérations israéliennes à Quneitra, Deraa et Soueïda de créer “une nouvelle ligne de tension”. : « Nous ne tolérerons jamais un environnement hostile qui mettrait en danger notre sécurité nationale.»
En toile de fond, une délégation militaire commune de la Russie, de la Turquie et de la Syrie a effectué en début de semaine un rare déplacement dans le sud-ouest syrien, près de la frontière israélienne. Quinze véhicules tout-terrain, escortés par les forces de sécurité syriennes et la police militaire russe, ont traversé plusieurs zones anciennement contrôlées par Moscou, selon une source citée par Al-Arabiya.
Pour Israël, le message est limpide : Moscou et Damas cherchent à restreindre sa liberté d’action dans une région où Tsahal intervient régulièrement pour empêcher la consolidation de milices pro-iraniennes.
Rappelons ici qu'Israël fait face à deux défis majeurs dans le sud de la Syrie : un risque sécuritaire lié à la présence potentielle de cellules chiites, palestiniennes et jihadistes susceptibles de se réactiver en cas de chaos et un risque humanitaire, notamment pour les centaines de milliers de Druzes de Soueïda, du Jabal a-Druze et du sud de Dama
La Turquie, impliquée de longue date en Syrie, pourrait — dans certains scénarios — intervenir militairement pour soutenir le régime si elle estime la fenêtre stratégique favorable. Toutefois Ankara devrait éviter d’avancer dans le sud syrien, considéré de facto comme une zone d’influence sécuritaire israélienne. Une telle entrée pourrait pousser des groupes radicaux à se diriger vers le sud et l’est… donc plus près de la frontière israélienne.