« Israël a transmis des messages à l’Iran via des pays occidentaux, indiquant qu’elle n’a aucun intérêt à attaquer de nouveau — mais la réponse a été qu’Israël ment. C’est pourquoi la crainte d’une mauvaise interprétation de la part de l’Iran augmente », ont déclaré ce jeudi des sources diplomatiques occidentales impliquées dans ce qui se passe au Moyen-Orient et en Israël. Selon elles : « Nous ne voyons pas d’effort important de la part de l’Iran pour renouveler le programme nucléaire — mais nous savons que la priorité absolue pour les Iraniens est de reconstruire le programme de missiles balistiques. »
Les mêmes sources ajoutent que l’Iran est revenue à la production de missiles balistiques selon ses anciennes méthodes, après qu’Israël a détruit ses installations et affirment que, comme cela a été rapporté récemment, l’Iran tentera lors d’un prochain affrontement avec Israël de lancer 500 voire 1 000 missiles en une seule salve, et non 120 comme auparavant.
Elles ajoutent que les Houthis pourraient multiplier par quatre leurs attaques de drones, et qu’ils ont transféré à l’Iran et aux autres organisations pro-iraniennes l’expérience acquise dans leurs combats contre Israël : « Après la guerre avec Israël, l’Iran est tombée des escaliers. Le programme nucléaire iranien a été frappé de plein fouet : .le réseau des proxys a été gravement touché, trente ans d’investissements ont disparu. Ils sont devenus très vulnérables. Toute la stratégie basée sur les proxys, destinée à éloigner les affrontements de leur territoire, s’est effondrée. Le territoire iranien est exposé. Le programme nucléaire a été renvoyé en arrière de plusieurs années et l’anneau de feu des proxys s’est beaucoup affaibli. Il faudra des années aux Iraniens pour reconstruire ce qu’ils avaient. »
À propos de l’uranium enrichi accumulé par l’Iran avant la guerre des 12 jours, une source occidentale précise : « Il est bloqué sous terre. Les Iraniens ont effectué plusieurs forages — mais nous ne voyons aucun effort pour relancer le programme nucléaire. Cela leur a pris sept ans pour construire l’installation de Natanz — et sachant qu’Israël frappera de nouveau, ils hésitent sur ce qu’il faut faire. »
La même source estime qu’il pourrait y avoir un nouvel affrontement militaire entre Israël et l’Iran, « court et meurtrier », mais sans conséquences stratégiques : « Les États-Unis n’accepteront pas un changement de régime comme Israël le souhaite. Lors de la guerre des 12 jours, les États-Unis ne sont intervenus que parce qu’Israël avait nettoyé le terrain et “servi” Natanz et Fordo. »
Les sources diplomatiques ajoutent qu’il existe un effort américain et international pour empêcher une mauvaise interprétation aussi bien du côté iranien que du côté israélien : « Les Iraniens savent que s’ils attaquent, Israël répliquera massivement , y compris contre le régime. Il y aura de lourds dégâts : les Iraniens pourront faire tomber des gratte-ciel à Tel-Aviv, et Téhéran sera détruite. Mais le résultat final serait le même. »
À propos de la normalisation avec l’Arabie saoudite, pour les diplomates occidentaux « La normalisation aura lieu — mais pas maintenant. Elle se fera selon les conditions de Mohammed ben Salmane. La normalisation n’est pas entre Israël et l’Arabie saoudite, mais entre l’Arabie saoudite et les États-Unis. »
Ils ajoutent :
« Il sera intéressant de voir ce qu’Israël fera si les États-Unis vendent des F-35 aux Saoudiens. Israël devra repenser son équilibre stratégique — et envisager de nouveaux arrangements sécuritaires. La doctrine consistant à frapper d’abord et discuter ensuite devra changer. »
Ils se sont aussi exprimé sur le président syrien Ahmad al-Shar’a : « C’est un dirigeant avec qui l’on peut parler. La conversation de Dermer avec le ministre syrien des Affaires étrangères à Paris a duré cinq heures. C’est un dirigeant prêt à signer un accord de non-agression — et cela ne le dérange pas de dire le mot Israël. Oui, il est islamiste, pas démocrate — mais il est bien meilleur que la situation qui régnait auparavant. L’alternative est le chaos, et le chaos, c’est Daech. »
Et sur le Liban : « L’armée libanaise travaille trop lentement et n’apporte pas les résultats nécessaires. Le message occidental au Liban est qu’ils n’en font pas assez. La question est de savoir s’ils peuvent faire plus sans risquer une guerre civile. On ne peut pas entrer chez un membre du Hezbollah et lui demander ses armes. Ils ne sont pas du Hezbollah uniquement par haine d’Israël. Oui, ils la détestent, mais ils touchent un salaire. »
Enfin, les sources estiment qu’un conflit Israël–Hezbollah est possible, mais serait limité et ponctuel : « Tout le monde flatte aujourd’hui les Saoudiens. Ils peuvent obtenir ce qu’ils veulent, mais ils ont besoin de calme et de stabilité pour bâtir leur puissance. Il y a ici une opportunité. L’usage des proxys dans la région diminuera par rapport au passé. »