Selon les informations du journal Israel Hayom, Smotrich aurait menacé hier soir de démissionner du gouvernement après avoir appris que Netanyahou envisageait de faire voter aujourd'hui (jeudi) une décision du cabinet lui retirant ses prérogatives sur la question des finances de l'Autorité palestinienne.
Le différend porte sur la décision de Smotrich de mettre fin à la garantie étatique accordée aux banques israéliennes opérant en relation avec le système bancaire de l’Autorité palestinienne.
Depuis les Accords de Paris de 1994, Israël joue le rôle de passerelle financière pour les banques palestiniennes, qui, ne répondant pas aux normes internationales, ne peuvent entretenir directement de relations avec les institutions bancaires mondiales. Deux établissements israéliens – la Banque Hapoalim et la Banque Discount – maintiennent ainsi des relations avec leurs homologues palestiniens sous la protection d’un mécanisme de garantie de l’État, destiné à les protéger de toute poursuite concernant le financement du terrorisme.
La suppression de cette garantie compromet la capacité des banques israéliennes à continuer d’offrir des services financiers aux Palestiniens, mettant en péril la stabilité économique de l'Autorité palestinienne.
La communauté internationale craint qu'une rupture des liens entre les banques israéliennes et palestiniennes n'entraîne l'effondrement économique de l'Autorité palestinienne.
Netanyahu a décidé de céder à ces pressions. Pour contourner l'opposition de Smotrich, il prévoyait de faire adopter ce soir au cabinet une décision transférant à un autre ministre la compétence de maintenir l'accord existant. Informé de cette manœuvre, Smotrich a fulminé. Lors d'une rencontre entre les deux hommes, il a clairement indiqué au Premier ministre qu'il ne permettrait pas qu'on lui retire ses prérogatives et qu'il refusait de prolonger un mécanisme permettant de facto à Israël d'autoriser des paiements liés au terrorisme.
Le député Gilad Kariv (Démocrates - anciennement Travaillistes) a vivement réagi : "Smotrich tente de faire s'effondrer l'Autorité palestinienne contrairement à la politique du cabinet et aux engagements d'Israël. Il est temps que Netanyahu le lâche, cesse de tergiverser éternellement. Depuis six mois, Smotrich ne transfère plus de fonds à l'Autorité sans décision du cabinet, et maintenant il veut cesser d'indemniser les banques qui travaillent avec l'AP, là encore contrairement aux engagements d'Israël envers les Américains."
Le Conseil de Yesha (représentant les localités juives de Judée-Samarie) a réagi en ces termes : "Le gouvernement israélien doit faire s'écrouler l'Autorité palestinienne, non la renforcer. Elle se comporte comme une organisation terroriste. Pas plus tard qu'hier, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a révélé que l'Autorité palestinienne avait pratiquement doublé les salaires des terroristes ces dernières années. Le gouvernement israélien doit annoncer qu'il cesse l'indemnisation et complique significativement la capacité de l'économie palestinienne à fonctionner. La tentative de retirer ses compétences au ministre des Finances afin de garantir le renforcement de l'économie palestinienne constitue une erreur stratégique."
Selon Israel Hayom, à un certain moment, Smotrich a même menacé de démissionner, ce qui aurait signifié la dissolution du gouvernement et la tenue d'élections anticipées. Netanyahou a finalement cédé et, pour l'instant, Smotrich conserve la main sur ce sujet. Il convient de noter que le mécanisme protégeant la coopération entre les banques israéliennes et palestiniennes doit expirer fin novembre, soit dans dix jours. À ce stade, on ignore comment ce problème sera résolu.