Moyen-Orient

Hamas, Hezbollah et Iran : des documents secrets révèlent une alliance bien plus profonde qu’annoncé

Des archives dévoilées par le renseignement militaire israélien montrent que, malgré son discours officiel, le Hamas a maintenu durant des années une coopération étroite avec l’Iran, le Hezbollah et le régime Assad. Ces documents lèvent le voile sur des protocoles, réunions et échanges restés jusque-là secrets.

3 minutes
21 novembre 2025

ParDelphine Miller

Hamas, Hezbollah et Iran : des documents secrets révèlent une alliance bien plus profonde qu’annoncé
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Le renseignement militaire israélien (Aman) a publié vendredi une série de documents internes — lettres, protocoles de réunions et correspondances — qui éclairent d’un jour nouveau les relations entre Hamas, le Hezbollah, l’Iran et le régime syrien. Une exposition rare, près d’un an après la chute du régime Assad, qui révèle la profondeur d’un axe stratégique que les dirigeants du Hamas prétendaient avoir mis à distance.

Selon ces documents, des contacts directs ont été entretenus au plus haut niveau entre Yahya Sinwar, Ismaïl Haniyeh et Hassan Nasrallah, ainsi qu’avec des représentants des Gardiens de la Révolution iranienne. Une lettre de Sinwar adressée à Haniyeh en juillet 2022 confirme que, malgré les déclarations publiques de rupture avec Damas, « Hamas n’a jamais réellement décidé de boycotter le régime syrien ». Il ajoute que la Syrie a toujours offert au mouvement « le meilleur traitement possible » et qualifie Damas d’« espace essentiel pour la construction et le déploiement ».

Un mois après cette lettre, en août 2022, s’est tenue une réunion tripartite entre responsables du Hamas, émissaires du Hezbollah et le représentant iranien Saeed Izadi — ultérieurement éliminé lors de l’opération israélienne L’Éveil du Lion. Le protocole de cette rencontre détaille la stratégie conjointe visant à rétablir les relations avec Bachar el-Assad tout en minimisant les critiques arabes. Il y est notamment décidé de convier d’autres personnalités palestiniennes aux futures rencontres, afin de « brouiller la centralité du Hamas » dans le rapprochement, et d’interdire toute couverture médiatique de réunions avec le président syrien.

Une autre lettre, datée de septembre 2022, montre Haniyeh remerciant Nasrallah pour sa médiation auprès d’Assad et évoquant la question de prisonniers palestiniens détenus en Syrie. Le chef du Hamas y précise que cette requête ne constitue « ni une condition ni une exigence », mais une manière de réduire les critiques internes entourant la reprise des liens avec Damas.

Les documents incluent également un article rédigé par un religieux affilié à la direction du Hamas, fustigeant les pays arabes reprochant au mouvement ses rapprochements : selon lui, s’opposer simultanément à l’Iran, au régime syrien ou encore aux Houthis mènerait à « l’effondrement stratégique du Hamas ».

Pour le renseignement israélien, ces révélations démontrent que le Hamas, tout en condamnant officiellement les massacres du régime syrien, a continué à s’appuyer sur Damas comme pilier de l’« axe de Jérusalem » dominé par l’Iran. L’organisation craignait, selon les analystes, qu’une chute d’Assad n’affaiblisse l’ensemble de l’infrastructure régionale construite par Téhéran.

Cette mise au jour éclaire les mécanismes de coordination du « front du terrorisme » et confirme, selon Tsahal, l’ampleur des alliances souterraines liant Hamas, Hezbollah, les Gardiens de la Révolution et le régime syrien — un réseau plus solide et structuré que ne le laissaient penser les déclarations publiques des dirigeants concernés.

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