Sécurité

Extrémistes juifs en Judée-Samarie : l'inquiétude de l'armée et du Shin Bet

300 jeunes environ sont impliqués dans ces violences

4 minutes
22 novembre 2025

ParJohanna Afriat

Extrémistes juifs en Judée-Samarie : l'inquiétude de l'armée et du Shin Bet
Emeutiers juifs en Judée-Samarie Photo : Haim Goldberg/Flash90

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Une réunion sécuritaire consacrée à la recrudescence de la criminalité nationaliste en Judée-Samarie s'est tenue jeudi au cabinet du Premier ministre Benyamin Netanyahou. Y participaient David Zini, chef du Shin Bet, le général de division Avi Blut, commandant du Commandement central, ainsi que des ministres et hauts responsables des secteurs de la sécurité, de l'éducation et des affaires sociales.

300 jeunes impliqués, une soixantaine de meneurs identifiés

Les données présentées révèlent l'ampleur du phénomène : sur plus d'un demi-million d'Israéliens vivant en Judée-Samarie, environ un millier de jeunes ont abandonné leurs études. Parmi eux, quelque 800 travaillent dans des exploitations agricoles sous encadrement, tandis que 300 environ sont impliqués dans des actes de violence.

Au sein de ce dernier groupe, une soixantaine d'individus clés ont été identifiés comme meneurs. Il ne s'agit pas nécessairement de jeunes, mais souvent d'adultes qui incitent les plus jeunes à la violence. Les 230 autres personnes sont qualifiées de "suiveurs". Certains participants ne sont même pas résidents de Judée-Samarie, mais viennent d'autres régions du pays "pour l'action".

La discussion a mis en lumière les causes multiples de cette escalade : la désorganisation du système éducatif pendant la guerre, l'absence de personnel éducatif et social en raison de leur mobilisation en service de réserve, et une anxiété généralisée chez les jeunes. Cette angoisse est particulièrement forte dans cette région en raison de la proximité des villages palestiniens et de la crainte d'une répétition des événements du 7 octobre.

Le général Avi Blut a souligné qu'"il est impossible d'appliquer des méthodes pédagogiques classiques à des jeunes qui ne font pas partie du système éducatif traditionnel". Selon lui, "l'État doit aller à leur rencontre dans les collines et les fermes" plutôt que d'attendre qu'ils se rendent dans des établissements scolaires.

Blut a défendu l'importance stratégique des exploitations agricoles, affirmant qu'elles constituent "un atout majeur pour l'effort israélien sur le terrain" et qu'elles ont permis "pour la première fois d'empêcher une prise de contrôle palestinienne de zones stratégiques".

Netanyahou a abondé dans son sens : "Les fermes réglementées sont une chose positive. Elles commencent à apporter une réponse aux activités de l'Autorité palestinienne sur le terrain."

Quelles solutions ?

Le chef du Shin Bet, David Zini, a insisté sur le fait que "le principal défi ne réside pas seulement dans les jeunes, mais aussi dans les adultes qui agissent en coulisses". Selon lui, certaines figures adultes connues "financent des opérations, militent pour une présence sur le terrain et incitent les jeunes à la violence". Le soutien de ces adultes influence directement le comportement des jeunes : lorsqu'ils ne soutiennent pas les forces de l'ordre, cela encourage les jeunes à persévérer dans la violence.

Le ministre de la Défense Israël Katz a abordé la question controversée des détentions administratives, réclamées par certains responsables sécuritaires et politiques de l'opposition. Katz s'est fermement opposé à tout retour à cette pratique, affirmant que "l'abolition des détentions administratives était une décision judicieuse" et que celles-ci "n'ont fait qu'attiser les conflits, la méfiance et la violence".

Le colonel de réserve Avihai Tanami, chef de projet pour la jeunesse des collines, a proposé la création d'une direction spéciale centralisant la gestion du problème, avec un dispositif éducatif, social et organisationnel. Le coût est estimé à environ 100 millions de shekels. Selon lui, seule une action d'envergure et de longue durée permettrait d'inverser la tendance.

Dans le cadre des efforts pour endiguer ces violences, une mise en accusation sera déposée lundi contre un mineur arrêté lors des incidents de Beit Lid et Beit Sharaf. Il s'agira de la cinquantième inculpation prononcée depuis le début de l'année. Un recours formé par l'avocat du mineur a été rejeté samedi par la Cour suprême.

Les autorités de défense avertissent que ces événements constituent non seulement une menace sécuritaire, mais aussi un grave préjudice à l'image d'Israël dans le monde. Le problème le plus profond reste que ces jeunes violents ne reconnaissent aucune autorité, qu'il s'agisse des dirigeants locaux ou des représentants élus, et agissent sans limites ni hiérarchie.

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