Un mois et demi après sa libération, Guy Gilboa-Dalal a livré un témoignage bouleversant sur sa captivité alors qu'il était interviewé sur la chaîne 12. Le jeune homme a évoqué la faim, la violence psychologique ainsi que les agressions sexuelles qu'il a subies.
Le 7 octobre, Guy Gilboa-Dalal se trouvait au Festival Nova avec trois amis : Eviatar David, Ron Tzarfati et Idan Ramati. Ils avaient reçu l'ordre d'un policier de se cacher dans les buissons. "Nous pensions qu'il s'agissait de quatre ou cinq terroristes que l'armée neutraliserait rapidement", se souvient-il.
Les balles ont rapidement sifflé autour de lui. Réfugié dans les buissons avec Eviatar, Guy a entendu les voix de terroristes tout près d'eux. "À ce moment-là, j'ai cru que j'allais mourir. J'ai mis mes mains sur ma tête et récité le Shema Israël."
Capturé, il a été forcé à se mettre à genoux, persuadé d'être sur le point d'être exécuté. Commence alors un calvaire : coups, ligotage, puis exhibition devant des civils à Gaza qui les frappent en criant "Prisonniers juifs, porcs !"
La survie dans les tunnels : une mort lente
Dans les tunnels, la désorientation est totale. "Tout est gris, les couloirs se ressemblent", a décrit Guy. Pour maintenir son esprit en éveil, il apprend l'arabe, étudie l'islam et le Coran, envisageant même la conversion pour améliorer ses relations avec ses geôliers.
La famine est organisée : un pain pita par jour. "Ce n'est pas seulement la faim, c'est une faiblesse généralisée. On ne peut plus bouger sans souffrir, se lever sans perdre connaissance. C'est une mort lente."
Les gardiens, instables mentalement, alternent entre périodes de calme relatif et cruauté extrême. Guy évoque une scène particulièrement humiliante où l'un d'eux a forcé Omer Shem Tov, un autre otage, à se mettre à quatre pattes et à aboyer comme un chien.
Les agressions sexuelles : le secret le plus lourd
Avec courage, Guy révèle également les agressions sexuelles subies. Longtemps, il a gardé ce secret, craignant les représailles s'il en parlait aux autres otages ou gardiens.
Un jour, un terroriste l'emmène dans sa chambre, lui bande les yeux et les mains. "Il m'a demandé si j'avais envie de regarder du porno, d''en faire un ensemble'", raconte-t-il. L'homme le touche, l'embrasse dans la nuque et sur le dos. "J'étais paralysé. Il m'a dit qu'il m'aimait. Mon cœur battait à tout rompre."
Le geôlier place alors un pistolet sur sa tempe et un couteau sous sa gorge, le menaçant de mort s'il parle. "Non seulement j'ai subi cette épreuve, mais je ne pouvais rien dire à personne."
Lors d'une seconde agression, le terroriste l'emmène de force dans sa chambre et baisse son pantalon. Guy tente de l'arrêter en invoquant l'islam : "C'est interdit, tu es musulman." L'homme frotte son pénis contre lui pendant plusieurs minutes. "J'étais littéralement paralysé."
La peur s'installe : "Je me disais que si je restais seul avec lui, ça allait devenir permanent, empirer, provoquer encore plus de violence." Heureusement, le terroriste n'a plus été seul avec lui par la suite.
Guy ne confie son terrible secret qu'à Tal Shoham, juste avant la libération de ce dernier. "Je lui ai dit de ne rien dire à ma famille, sauf si je mourais. Il était essentiel qu'ils sachent que si je ne revenais pas, c'était peut-être à cause de ça."
Eviatar, l'ancre dans la tempête
Guy et Eviatar David, meilleurs amis depuis l'enfance, se sont soutenus mutuellement. Lors d'une période de famine particulièrement intense, Guy souffrait d'une fonte musculaire si sévère qu'il ne pouvait plus bouger les épaules. "Eviatar m'enlevait mon pantalon quand j'allais aux toilettes, me couvrait pour que je n'aie pas froid. Quand je suis tombé malade, il a pris soin de moi parce que je ne pouvais plus lever les bras."
La lettre qui a redonné espoir
Séparé d'Eviatar, Guy est utilisé comme bouclier humain lors de l'entrée de Tsahal à Gaza. Les terroristes lui ordonnent d'écrire une lettre à sa famille et au gouvernement israélien. Contre toute attente, celle-ci parvient à destination.
Sa famille venait d'apprendre qu'il était à Gaza quand ils ont reçu la lettre. Sa mère, effondrée, s'était préparée au pire. "La lettre leur a redonné courage et espoir", a souligné Guy.
Le jour de la libération, après des jours de faux espoirs, Guy demande quarante minutes avant d'appeler sa famille. "Je voulais me raser, prendre une douche et manger pour qu'ils me voient comme un être humain."
Aujourd'hui, chaque moment en famille est précieux. Le simple geste de se verser un verre de Coca dans sa cuisine symbolise sa liberté retrouvée : "C'est la possibilité de choisir ce que je veux."
Regard vers l'avenir
Malgré les traumatismes, Guy refuse de renoncer à ses rêves. "Je retournerai au Japon, même plusieurs fois", affirme-t-il, évoquant sa passion pour ce pays et la langue japonaise qu'il pratiquait avant sa capture.
Sa foi l'a aidé à tenir. "J'ai accepté l'idée que tout arrive pour une raison. Si j'ai été kidnappé, je ne sais pas pourquoi, mais il y a une raison."
Le chemin de la guérison sera long, mais Guy se montre déterminé : "J'ai encore un long chemin à parcourir, mais je parviendrai à me rétablir." Son message final est un hommage aux soldats de Tsahal et à sa famille, ces "personnes extraordinaires" grâce auxquelles il est en vie aujourd'hui.