Israël

A 90 ans, une survivante de la Shoa et du massacre de Beeri s'est éteinte

Ruth Haran Herzman avait survécu au 7 octobre et plusieurs membres de sa famille étaient otages.

3 minutes
23 novembre 2025

ParGuitel Benishay

A 90 ans, une survivante de la Shoa et du massacre de Beeri s'est éteinte
Photo: Arutz Haknesset

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Ruth Haran Herzman, du kibboutz Be'eri, est décédée dans la nuit (samedi à dimanche) à l'âge de 90 ans. Rescapée de la Shoah ayant survécu au massacre de Be'eri, Ruth avait perdu son fils Avshalom "Avshal" Haran le 7 octobre, tandis que sept membres de sa famille avaient été enlevés par le Hamas.

Le Dr. Shoshan Haran, épouse d'Avshalom, a été enlevée à Gaza par le Hamas. Adi Shoham, 38 ans, petite-fille aînée de Ruth, a également été kidnappée avec son mari Tal et leurs deux enfants Nave et Yahel, alors âgés de 8 et 3 ans. Shoshan, Adi, Nave et Yahel ont été libérés dans le cadre du premier accord sur les otages en novembre 2023, tandis que Tal est rentré en Israël après 505 jours de captivité, en février 2025.

Sharon Avigdori, la plus jeune des trois enfants de Ruth, a elle aussi enlevée ce samedi noir avec sa fille Noam, alors âgée de 12 ans. Toutes deux ont été libérées dans le cadre du premier accord, après 50 jours de captivité.

Ruth, qui avait survécu à la Shoah avant d'immigrer en Israël depuis la Roumanie, confiait dans une interview accordée en avril 2024 que les événements du 7 octobre lui avaient rappelé ce qu'elle avait vécu dans sa jeunesse : "Dans les deux cas, il s'agit d'une méchanceté absolue, d'un meurtre planifié et systématique. Je ne pensais pas me sentir à nouveau aussi impuissante qu'à l'époque."

Ce jour-là, Ruth se trouvait seule chez elle au kibboutz Be'eri : "Je me suis réveillée avec les tirs de roquettes. J'ai immédiatement essayé de joindre Avshalom sans y parvenir, aucune réponse non plus de ma belle-fille et des petits-enfants", témoignait-elle. "Par la fenêtre, j'ai aperçu des hommes armés sur la pelouse. Puis il y a eu un violent coup à la porte. Je les ai vus avec leur bandeau vert sur la tête, ils étaient terriblement effrayants, mais je ne sais pas comment, je n'ai pas eu peur."

Elle a poursuivi : "Je me suis immobilisée un instant, puis soudain on les a appelés. Je me suis retournée et j'ai couru rapidement à l'intérieur de la maison. Je suis restée cachée, tremblant de peur pendant 15 heures. C'étaient des heures interminables. Ce n'est qu'en fin de nuit que nos soldats m'ont évacuée vers un lieu sûr. J'ai vu des cadavres tout autour. Horrible. J'ai de nouveau été témoin de la mort, de maisons brûlées. Le meurtre de personnes et de nourrissons innocents."

Pour Ruth, le jour du massacre fut le plus difficile depuis les horreurs vécues durant la Shoa. "Je me suis réveillée dans une réalité effroyable d'occupation, de meurtre, de maltraitance, de viol et d'actes que l'imagination ne peut décrire", racontait-elle. "C'est un sentiment de perte de sécurité et d'incapacité à appréhender cette situation terrible."

Dans cette interview, Ruth n'épargnait pas le gouvernement : "Les pleurs et le deuil ne me quittent pas. Je suis très en colère contre ce gouvernement qui trompe les gens. On ne peut pas avoir un Premier ministre aussi méprisable."

"Il nous trompe. Je ne suis pas idiote", ajoutait Ruth avec colère. "Je sais qu'il ne vaincra pas le Hamas, ceux qui ont de l'intelligence ont déjà dit qu'on ne le vaincrait pas. J'espérais tellement que nous serions assez intelligents, mais je suis fière de la jeune génération - si courageuse et créative."

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