Moyen-Orient

Léon XIV au Liban : parviendra-t-il à apaiser les esprits ?

Alors que l’élimination du chef d’état-major du Hezbollah, Ali Tabatabaï, ravive la crainte d’un dérapage armé entre Israël et le mouvement chiite, un événement diplomatique majeur pourrait temporairement calmer les esprits, la visite papale, à dater de jeudi,,sous le signe de l’unité chrétienne et de l’appel à la paix au cœur d’un Moyen-Orient sous tension.

2 minutes
24 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Léon XIV au Liban : parviendra-t-il à apaiser les esprits ?
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Le pape Léon XIV, élu en mai dernier, s’apprête à vivre son premier grand test sur la scène internationale. Son style posé et mesuré contraste fortement avec celui de son prédécesseur, le charismatique et impulsif François, décédé en avril. Ce parcours pontifical inédit nourrit de fortes attentes — et parfois des inquiétudes — quant à la manière dont il entend peser sur la scène géopolitique.

Au Liban, l’attente est palpable. Le pays, longtemps présenté comme un modèle de coexistence confessionnelle, a sombré depuis 2019 dans une succession de crises : effondrement économique massif, paupérisation généralisée, explosion meurtrière au port de Beyrouth en 2020 et, récemment, une nouvelle confrontation avec Israël. Une parole “franche” adressée à l’élite politique et des gestes “forts et concrets” sont attendus.

Le passage du pape inclura plusieurs moments symboliques : une messe en plein air pouvant rassembler jusqu’à 100 000 personnes, une prière sur le site de l’explosion du port, une rencontre avec les jeunes et une visite d’un hôpital psychiatrique géré par des sœurs franciscaines. Des affiches portant le slogan « Le Liban veut la paix » ont déjà été déployées sur les axes rénovés pour l’occasion.

Le voyage du pape inclut également la Turquie, où l’événement suscite beaucoup moins d’attention. Dans un pays à majorité musulmane, où les chrétiens représentent seulement 0,2 % des 86 millions d’habitants, la visite est néanmoins symboliquement importante : elle vise à renforcer le dialogue entre l’Église catholique et l’islam et à commémorer les 1 700 ans du concile de Nicée, qui a établi le “Credo”, pierre angulaire de la foi chrétienne. Le pape Léon XIV rencontrera jeudi le président Recep Tayyip Erdogan à Ankara, puis se rendra au célèbre mosquée Bleue à Istanbul samedi.

Le cœur spirituel du voyage se jouera vendredi, lorsque le pape rejoindra plusieurs dignitaires de différentes Églises orthodoxes pour une prière sur les rives du lac Iznik — l’ancienne Nicée. Absent de taille : le patriarche russe Cyrille, fidèle allié de Vladimir Poutine, non invité en raison du profond schisme entre les patriarcats de Moscou et d'Istanbul sur fond de guerre en Ukraine.

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