Encore une fois, il aura fallu un bras de fer politique pour que l’argent destiné aux plus pauvres arrive enfin à destination. Lors d’un débat d’urgence à la Commission du Travail et du Bien-être, les représentants des ministères de la Justice et du Bien-être ont confirmé que des dizaines de millions de shekels seraient débloqués dans les prochains jours. Ces fonds, promis aux organisations chargées de distribuer les paniers alimentaires et la Kimha Depis’ha, étaient gelés depuis des semaines au cœur d’un conflit bureaucratique entre ministères.
Cette libération intervient dans un pays où la pauvreté demeure un défi national majeur. Selon les derniers rapports de l’Institut national d’assurances, environ 1,9 million d’Israéliens vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, dont plus de 850 000 enfants. Les populations les plus touchées sont les familles nombreuses, les personnes âgées isolées, les ultra-orthodoxes et de nombreux foyers arabes israéliens. Géographiquement, les taux les plus élevés se concentrent dans le nord (Nazareth, Karmiel, vallée du Jourdain), certaines villes mixtes, et dans plusieurs quartiers de Jérusalem et de Beer Sheva, où les associations alertent sur une hausse de la demande depuis le début de la guerre.
Pour les organisations présentes en commission, l’annonce est une bouffée d’oxygène, mais aussi le rappel d’un problème structurel. Elles soulignent que chaque jour de retard signifie des familles sans produits de base, des enfants dépendant exclusivement des colis alimentaires, et une pression accrue sur les bénévoles. Elles ont salué le rôle de Israel Eichler, qui a dénoncé « un système où les pauvres sont toujours ceux pour qui l’aide arrive en dernier ».
Les responsables gouvernementaux ont garanti que les budgets non utilisés d’ici la fin de l’année resteraient affectés à l’aide alimentaire, sans retour au Trésor. Une décision qui apaise les associations, mais ne change pas la réalité : en Israël, l’aide aux plus démunis dépend encore trop souvent de luttes politiques pour débloquer des fonds pourtant déjà alloués.