L'armée israélienne a rendu publique ce mercredi une enquête détaillée sur les combats qui se sont déroulés le 7 octobre 2023 dans le moshav Yated, situé dans la bordure de Gaza, au sein du conseil régional d'Eshkol. Au total, 10 terroristes ont été arrêtés dans les limites de la localité – dont cinq le lendemain de l'attaque – tandis qu'un seul est parvenu à s'échapper. L'enquête met en lumière la réaction rapide et efficace de l'équipe de défense locale et des habitants, ainsi que le travail de l'équipe d'urgence communautaire, qui ont ensemble évité que les habitants ne soient blessés ou tués.
L'enquête souligne qu'un affrontement sur la route 232, mené par la brigade Paran a empêché l'arrivée d'un grand nombre de terroristes à Yated. Le capitaine de réserve Yiftach Gorni, z'l, est tombé lors de ce combat. "Sans ce combat, le moshav aurait fait face à plus d'une centaine de terroristes. La mort de Gorni n'a pas été vaine", ont déclaré des sources militaires.
Aucun habitant ni membre des forces de sécurité n'a été tué ou enlevé dans les limites du moshav. Cependant, deux résidents qui fuyaient une fête organisée près du kibboutz Nirim – Noy Maudi et Motti Alkabetz – ont été assassinés au carrefour de Mivtahim.
À 6h40, soit environ 11 minutes après le début de l'attaque, le chef de la sécurité locale Maor Havibian a mobilisé l'équipe de défense composée de cinq combattants et leur a donné ses instructions. Il a ordonné la fermeture des portails du moshav, l'ouverture des abris, l'organisation de patrouilles et le positionnement des membres de la force de défense près des entrées. Sept résidents armés se sont spontanément joints à l'effort, portant le nombre total d'hommes armés prêts à défendre le mochav à 12.
Vers 9h15, lors d'une patrouille, le chef de la sécurité et son adjoint ont repéré une silhouette suspecte au-delà de la clôture. Après avoir appliqué la procédure d'arrestation, ils ont identifié un terroriste gazaoui qui s'est rendu. Celui-ci a été placé sous garde dans la maison d'un résident armé. Lorsque le chef de la sécurité a signalé l'arrestation à la brigade, il n'a reçu aucune réponse, selon Tsahal.
Environ un quart d'heure plus tard, un signalement a fait état d'un suspect parlant arabe tentant d'ouvrir la porte d'une habitation. Les forces locales ont identifié un terroriste entre deux maisons, ont ouvert le feu, et le terroriste s'est enfui vers la végétation. Un autre terroriste a été repéré rampant sous un portail, puis un troisième a été touché, blessé et capturé derrière une maison.
Vers 9h45, la force de défense a encerclé une zone où se cachaient plusieurs terroristes. L'un d'eux est parvenu à s'échapper, mais quatre autres ont été capturés. Ces cinq prisonniers ont été gardés dans la cour d'une maison.
Entre 11h00 et 18h00, l'équipe de défense a patrouillé dans tout le moshav tandis que l'équipe d'urgence communautaire vérifiait l'état de tous les résidents.
Le lendemain, vers 10h20, un habitant inspectant le champ où la clôture avait été enfoncée a découvert cinq terroristes non armés qui se sont rendus. Les forces locales et une unité de Tsahal sont intervenues pour les menotter.
L'évacuation du moshav a débuté à 13h00. Les terroristes sont restés sous la garde de l'équipe locale pendant deux jours, avant que Tsahal ne les prenne en charge.
Parallèlement aux combats dans le moshav, un affrontement déterminant s'est déroulé à l'extérieur.
Vers 9h40 le matin du 7 octobre, la brigade Paran, commandée par le colonel Shamer Raviv et composée d'environ 20 soldats, a essuyé des tirs nourris de plusieurs directions sur la route 232. Les terroristes disposaient d'une nette supériorité numérique. Les troupes se sont déployées depuis leurs véhicules vers une rangée d'arbres en bordure de route, tandis que le capitaine de réserve Yiftach Gorni est resté pour protéger les véhicules.
Le colonel Raviv a demandé l'appui d'un hélicoptère de combat, arrivé après environ 40 minutes. Pendant ce temps, Gorni a combattu les terroristes depuis le véhicule du commandant de brigade, se déplaçant entre les véhicules pour en retirer les clés et empêcher les terroristes de s'en emparer. Au cours de ces déplacements, il a été touché mortellement. Le colonel Raviv et une autre combattante l'ont évacué, mais il était déjà décédé lorsqu'ils ont tenté de le soigner.
À 10h05, un char commandé par un chef de section du bataillon Karakal a rejoint les forces de la brigade Paran. Dirigé par le commandant de brigade, le char a ouvert le feu et neutralisé environ 20 terroristes. Une fouille ultérieure a permis de découvrir des armes abandonnées, dont des lance-roquettes RPG, qui appartenaient aux terroristes capturés désarmés dans Yated.
À 11h07, l'hélicoptère de combat est arrivé et a tiré sur les terroristes.
Malgré les succès tactiques sur la route 232, les conclusions de Tsahal – comme dans la quasi-totalité des enquêtes menées – commencent par reconnaître l'échec de l'armée à protéger le moshav. En revanche, le travail de l'équipe de défense locale, des civils volontaires et de l'équipe d'urgence communautaire a été salué. "Ils ont pris les bonnes décisions et agi comme on l'attendait d'eux", estime le rapport. Concernant les civils volontaires, Tsahal a souligné : "L'esprit de volontariat des résidents du moshav qui ne font pas partie intégrante de la force de défense mérite d'être reconnu."
Comme dans d'autres enquêtes, celle-ci note que l'armée n'était pas préparée à ce que des milliers de terroristes du Hamas pénètrent simultanément dans des dizaines de sites.
Les enquêteurs ont établi que tous les terroristes arrivés au moshav étaient désarmés et fuyaient le combat sur la route 232. L'enquête, dirigée par le colonel Itamar Ben Haim et supervisée par l'ancien commandant du secteur sud, le général Yaron Finkelman, précise qu'un récit d'héroïsme rapporté par Nasreen Yosef, une résidente affirmant avoir interrogé un terroriste pour en extraire des informations, n'a pas pu être vérifié.
Le moshav Yated a réagi à ce rapport : "Nous avons eu la chance d'être sauvés par les forces de Tsahal, en premier lieu la brigade Paran, qui se trouvait sur la route 232 face à Yated alors que des dizaines de terroristes se dirigeaient vers le moshav. Les membres du moshav Yated n'oublient pas ceux qui sont tombés en défendant notre localité : Yiftach Gorni et Liran Almosnino, tué plus tard ce matin-là à Holit. Nous n'oublions pas non plus Motti Alkabetz et Noy Maudi, ainsi que Matan Rosenberg, petit-fils de la famille Maudi, tous assassinés ce jour-là en revenant vers le moshav. Nous sommes reconnaissants à l'équipe de défense locale qui a repoussé les terroristes ayant atteint la clôture, et à l'équipe d'urgence qui a fonctionné jusqu'à l'évacuation du dernier résident."