Sécurité

« Toujours un demi-pas d’avance sur l"ennemi » : Israël redessine son bouclier aérien

Lors du forum sécuritaire UVID 2025, Moshe Fattal, directeur de la Direction « Homa », a dévoilé comment Israël repense son bouclier aérien face à la révolution des drones et aux missiles balistiques tirés depuis plusieurs fronts. Une vision stratégique qui retrace quatre décennies d’innovations et esquisse la prochaine couche d’une défense désormais indispensable, intégrée et en perpétuelle adaptation.

3 minutes
26 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

« Toujours un demi-pas d’avance sur l"ennemi » : Israël redessine son bouclier aérien
Tsahal

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Moshe Fattal, directeur de la Direction « Homa » au sein de la MAFAT -Direction de la recherche et du développement du ministère de la Défense-, a présenté lors du forum sécuritaire UVID 2025 une synthèse approfondie de l’évolution de la défense aérienne israélienne — de ses débuts dans les années 1980 jusqu’à la dernière campagne militaire. Au centre de son propos : la montée fulgurante de la menace des drones, devenue un pilier de la bataille aérienne moderne. Pour comprendre comment Israël affronte aujourd’hui des menaces aériennes toujours plus sophistiquées, il faut revenir aux fondations : l’histoire, les innovations technologiques et les alliances internationales. Dès les années 1980, dans le cadre du programme américain « Guerre des étoiles », Israël est l’un des premiers pays à identifier la nécessité de se protéger contre les missiles balistiques. Après la guerre du Golfe en 1991, Jérusalem accélère le développement du système Arrow « Hetz » devenu la pierre angulaire de la défense contre les missiles longue portée. Plus tard, l’establishment sécuritaire comprend que la menace vient aussi du bas de l’échelle : roquettes à courte portée et projectiles de précision. C’est la naissance de « Dôme de fer », ensuite adaptée pour contrer des munitions plus précises et des drones kamikazes. La nouvelle génération comprend également Arrow 3, qui lors de la dernière campagne a intercepté des missiles balistiques tirés d’Iran, du Yémen et d’autres fronts. Tsahal évolue dans un voisinage dense et complexe d’où la nécessité d’une architecture multicouche, intégrée, capable de fonctionner simultanément sur plusieurs niveaux

Le point de bascule présenté lors de la conférence fut l’opération « Am''kéalavi » — la guerre des 12 jours, durant laquelle Israël a activé l’ensemble de son bouclier aérien à un rythme inédit. Les chiffres dévoilés sont impressionnants : plus de 85 % d’interceptions réussies contre les missiles balistiques, plus de 99 % de réussite contre drones et quadricoptères. Le fruit de la mise en réseau des systèmes au sol, des plateformes aériennes et d’une coopération internationale étroite, certains partenaires étant physiquement déployés en Israël.

La conclusion est claire : Israël entre dans une ère où les drones — de l’engin artisanal au drone kamikaze sophistiqué — ne constituent plus un risque secondaire mais un axe central du champ de bataille. Certaines capacités sont déjà opérationnelles, d’autres seront dévoilées prochainement, et une partie demeure volontairement hors du champ public.

« Nous avons accumulé une immense expérience », a résumé Fattal, « mais l’adversaire évolue en permanence. Pour garder une longueur d’avance, nous devons continuer à innover, adapter, intégrer — toujours un demi-pas avant l’autre camp. »

Tags