Au cœur des manifestations qui agitent l’ouest de la Syrie, un groupe de protestataires alaouites a brandi une carte imprimée sur laquelle figure le drapeau israélien, accompagnée d’un message explicite adressé à Jérusalem : « À l’État d’Israël, nous demandons soutien et protection face aux groupes, factions et tribus terroristes de Jolani. »
Les manifestations, qui se sont déroulées dans plusieurs villes du littoral — Lattaquié, Jableh, Tartous — répondaient à l’appel du religieux alaouite Razal Razal. Elles interviennent après une série d’agressions contre la communauté alaouite de Homs ces derniers jours. Rapidement, les forces de sécurité du nouveau régime islamiste ont dispersé les rassemblements, affirmant avoir « rétabli l’ordre » et empêché « toute propagation du chaos ».
Un responsable syrien a expliqué que la mobilisation se voulait pacifique et structurée autour de trois revendications : l’instauration d’un régime fédéral et d’une décentralisation politique, l’arrêt des campagnes d’épuration ethnique, des meurtres, enlèvements, violences et persécutions et a libération des détenus et prisonniers, dont certains ne sont pas liés au régime Assad.
Selon ce même responsable, la répression exercée par les miliciens d'Abou Mohammad al-Jolani a transformé la protestation en tragédie : cinq Alaouites non armés ont été tués et des dizaines d’autres blessés. Le Centre syrien des droits de l’homme a fait état de voitures ayant foncé sur les manifestants et d’arrestations menées par les forces du régime.
Le religieux Razal Razal, à l’origine de l’appel, est une figure influente de la communauté. Âgé de 63 ans et originaire du gouvernorat de Lattaquié, il préside aujourd’hui le Conseil religieux islamique alaouite. Ancien responsable du waqf local, enseignant et ancien mufti régional, il s’était longtemps exprimé en soutien au régime Assad durant la guerre civile, qualifiant les rebelles islamistes de « rats cachés dans les rues ».
D’après le responsable syrien cité, Razal prône désormais l’établissement de « relations excellentes » avec Israël et les États-Unis et entretient des contacts directs avec les deux pays. Il se dit opposé à l’Iran, au Hezbollah et à la Turquie, qu’il considère comme des puissances qui menacent l’existence des communautés alaouites.