Moyen-Orient

La chute du « neuvième Escobar » : un coup financier contre le Hezbollah

Protégé pendant des années par le Hezbollah et le régime syrien, le baron de la contrebande Noach Zaiter a été arrêté à Beyrouth. Cette interpellation pourrait marquer l’ouverture d’une nouvelle phase de la guerre économique contre l’organisation terroriste, avec de possibles répercussions sur la sécurité d’Israël.

2 minutes
27 novembre 2025

ParDelphine Miller

La chute du « neuvième Escobar » : un coup financier contre le Hezbollah
Noach Zaiter (Wikipedia)

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Longtemps intouchable, Noach Zaiter était l’un des piliers centraux de la contrebande entre la Syrie et le Liban. Drogue – notamment le captagon –, armes, carburant, devises et circuits de blanchiment : ses réseaux alimentaient directement les caisses du Hezbollah. Sa protection reposait sur un double verrou politique : le Hezbollah côté libanais et le régime de Bachar el-Assad côté syrien. Pendant plus d’une décennie, il circulait librement entre la Bekaa, Damas et Beyrouth, malgré son inscription sur plusieurs listes de sanctions américaines pour financement du terrorisme.

L’équilibre a basculé avec l’effondrement de l’axe qui le protégeait. L’élimination de Hassan Nasrallah, l’affaiblissement profond du Hezbollah et le retrait de facto de l’influence syrienne ont privé Zaiter de toute immunité. Dans le même temps, les États-Unis ont intensifié leur pression sur Beyrouth, conditionnant toute aide financière internationale à des actions concrètes contre les réseaux terroristes. Son arrestation relève donc d’un choix stratégique : le Liban veut démontrer qu’il n’est plus un sanctuaire pour les finances du Hezbollah.

En fragilisant ce maillon financier, c’est toute une chaîne logistique du Hezbollah qui est touchée, réduisant sa capacité de réarmement et de projection contre sraël. Les milieux sécuritaires israéliens considèrent déjà cette arrestation comme un affaiblissement stratégique du front nord.

Au-delà du cas Zaiter, cette opération marque l’ouverture d’une véritable guerre financière ciblée contre le Hezbollah. Si le mouvement se poursuit, d’autres figures majeures de la Bekaa pourraient être arrêtées, accentuant l’asphyxie économique de l’organisation terroriste. Une évolution qui, pour Israel, change profondément l’équation sécuritaire régionale : pour la première fois depuis des années, le Hezbollah est frappé non pas sur le champ de bataille, mais dans son nerf vital — l’argent.

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